Quoi de mieux pour terminer un après-midi maussade que d’écouter, en bonne compagnie, de la musique faite maison, bien entendu, sur une péniche dans le port de Roanne ?
Maud Pereira aime chanter le fado, à sa manière, tout en douceur et en sensualité, d’une voix qui vous enveloppe dès les premières mesures. Rien à voir avec ce qu’on peut entendre dans certaines gargotes à touristes de la côte portugaise. Son fado a une âme, et il commence à nous faire comprendre, mieux que des mots, le sentiment complexe qu’est la « saudade », mystère intraduisible de la langue portugaise.
Maud partage sa passion avec Jean-Yves Auchère, saxophoniste chevronné converti à la contrebasse, et Guillaume Lavergne au piano.
La section rythmique tisse un cocon sur mesure pour la voix, concocte quelques intros fort mélodiques, et s’empare du registre de l’improvisation, chaque instrument prenant largement sa part pour des chorus imagés, colorés, expressifs, imprégnés de la délicieuse nostalgie et de la tension qui habitent le fado. Modes mineur et majeur s’entrelacent, pimentés par quelques gammes altérées.
Le répertoire puise aussi dans les rythmes et les harmonies d’Amérique latine, sur des cadences plus vives et entraînantes, et s’autorise même une ou deux chansons en français.
Le set se termine par un fado aux allures de tango argentin. Au plus profond de leur musique, les portugais restent de grands voyageurs.