Christelle Raquillet à la flûte, Wilfried Touati, compositeur et arrangeur, à l’accordéon ouvrent la seconde journée du festival dans le petit théâtre de Poët Laval, taillé sur mesure pour ce duo singulier. Le set présente les compositions de Wilfried Touati, et démarre avec Chute Libre. Après une intro qui invite à la méditation contemplative, la musique prend des allures frivoles, rafraîchissantes. La flûte s’envole littéralement, portée par le vent de l’accordéon. De toute évidence, la chute libre a été voulue et procure du plaisir.
Le Premier Métro n’est assurément pas celui que l’on prend pour aller au travail. C’est celui qui vous ramène au bercail après une nuit enchanteresse, ou celui que l’on prend pour attraper le premier train pour ailleurs, pour entamer le plus tôt possible ce jour qui sera le premier d’une suite pleine de promesses, que l’on pressent savoureuse, délectable et que l’on imagine au gré de nos pensées vagabondes.
“I’m gonna love you like nobody’s loved you,
You gonna love me like nobody’s loved me”
Come rain or come shine est peut-être une indication. On ne nous avait pas tout dit : Christelle Raquillet chante aussi, et elle le fait très bien. Sa voix est plus qu’agréable, et son introduction mélangeant flûte et chant est bluffante. Tantôt la flûte accompagne et la voix assure le chant (en même temps, bien évidemment), tantôt c’est l’inverse. Il fallait y penser ! Les harmonies sont délicieuses.
Tous les botanistes vous le diront, le Rhizome a sept pattes, qui marquent les sept temps du morceau suivant. Si l’on voulait vraiment faire la différence entre le thème et les improvisations (mais après tout, quelle importance ?), la tâche serait difficile tant le duo s’ingénie à peaufiner ses mélodies.
Petite entorse au protocole avec The Peacocks, de Jimmy Rowles, mélodies et consonances difficiles s’il en est. L’association des deux instruments apporte une couleur spéciale à ce thème, et le chorus parviennent à adoucir les angles de l’harmonie originelle.
Le thème de l’Eternelle est exposé par la flûte et l’accordéon. Les chorus explorent toutes le facettes des instruments, allant des graves les plus profonds aux aigus les plus délicats. Christelle Raquillet surprend son monde, y compris son accordéoniste.
Beluga nous entraîne dans un voyage sous la mer, à la profondeur où la lumière est magnifiée par le filtre de l’eau claire ; on prend plaisir à se laisser aller au gré des courants, libérés de la pesanteur et de la respiration, tout en gardant conscience de l’agitation du monde d’en-haut. Le retour se fait en douceur, dans clapotis délicat.
En rappel, le duo interprète Sybille, tonifiant comme une cascade sur le cours d’un torrent.
Encore un choix judicieux de la programmation du festival, pour ce duo promis à un bel avenir.