Où l’on comprend que commencer par le second morceau pour cause d’incident technique n’est pas de nature à rassurer les musiciens, et que poursuivre par le premier morceau ramène la paix dans les esprits. Porté par le batteur Vincent Tortiller, le projet Daïda tire son nom de la légende de Daïdarabotchi, créature mystique géante tout droit sortie de la mythologie japonaise, si grande que ses mouvements façonnent le monde. Qui dit créature géante dit forcément gros son, grosses basses, et tout est bien là ce soir. Les effets sonores sont bien entendu de la partie, le son de chaque instrument étant copieusement modifiés : harmoniseur à la tierce et synthétiseur pour la trompette d’Arno de Casanove, son intersidéral et delay pour la contrebasse de Samuel F’Hima, overdrive, distorsion et reverb pour la guitare d’Antonin Fresson pour n’en citer que quelques-uns. Quant à Auxane Cartigny, son Moog et son synthétiseur se suffisent en matière d’effets.
Les séquences de frénésie électronique font place à des plages acoustiques et harmonieuses, les instruments solistes survolant les basses touffues et les nappes synthétisées.
La musique de Daïda raconte des histoires d’animaux : gibier rebelle qui se rebiffe contre les chasseurs, huître des grands fonds marins.
Si Urvary exprime toute la violence de la chasse, vue par l’un ou l’autre des camps, L’Huître démarre dans la quiétude sous-marine, les projecteurs figurent le flux et le reflux, la guitare égrène ses perles qui résonnent à l’infini. Puis vient le chant des sirènes, l’animal se met à danser, en apesanteur, port par une improvisation au synthétiseur. La danse vire à la transe avec l’entrée en lice de la batterie pour une longue course effrénée dans un délire sonore qui se prolonge. L’arrivée des autres instruments ramène un peu de calme dans ce récit homérique, mais ce n’est que temporaire. On frise la techno.
En rappel, Daïda interprète un nouveau titre, LCR, qui nous transporte au-delà de la pensée et s’adresse directement à notre conscience reptilienne.