La Mare Nostrum du trio Barolo
Le retour du Trio méditerranéen haut en couleurs et en sonorités n’est pas passé inaperçu avec l’arrivée dans le groupe du talentueux Daniel Zimmermann au trombone (après le passage de témoin avec Francesco Castellani présent depuis la création de la formation), un musicien au riche passé de sideman qui imprime aussi ses projets en leader comme avec son travail sur la relecture de Gainsbourg qui a fait l’objet d’un beau disque. La petite salle du club du Périscope affichait donc complet pour ce showcase uniquement réservé aux professionnels et aux étudiants. Tous trois arborent de belles chemises à motifs colorés, qui annonce un set d’une gaité non démentie.
Si Philippe Euvrard à la contrebasse et compositeur de la majorité des titres, se charge de la présentation des morceaux, c’est bien toujours le talentueux et lyrique Rémy Poulakis à l’accordéon et à la voix de ténor qui porte le trio et le rend si attachant sur scène. Le voir vivre la musique, toujours avec des montagnes de générosité et partir dans des envolées perchées est un régal de tous les instants. Avec le premier morceau Retour à Marioupol, évoquant cette ville d’Ukraine si malmenée ces derniers temps avec la guerre avec les russes, on s’éloigne un peu de la Mare Nostrum le fermant du groupe, selon les propos d’Euvrard. Tous les ingrédients qui ont fait le succès de ce groupe sont distillés par un trio revitalisé. Le second titre apporte une douceur céleste de bon aloi, avant de succomber à une valse en hommage à l’accordéon de Rémy Poulakis, un beau moment dans lequel ce magicien stéphanois originaire de Crète apporte une salve d’émotion aux professionnels du jazz qui en ont pourtant vu d’autres… Philippe Euvrard présente ensuite Tirana un ancien morceau (car « le trio Barolo c’est une vieille histoire ! »), qui a survécu et qui vient d’Albanie, comme son nom l’indique. Le contrebassiste, toujours lui, annonce ensuite Tango pour Sedges, un tango en hommage à ses ancêtres sépharades, donnant l’occasion à Daniel Zimmermann de briller au trombone bouché. Le dernier morceau du mini-set, toujours inspiré par « son paysage mental de ses origines » Kalbanic danse met un terme à cette prestation d’un trio toujours aussi généreux et inspirant.
