« Le monde à l’envers » est le titre donné au dernier double album que le Trio Charlier/ Sourisse / Winsberg a enregistré. D’abord avec piano, batterie, guitare, le trio a imaginé un enrichissement plus acoustique à leur opus en y ajoutant d’autres instruments, d’autres musiciens, d’autres voix. Un nouvel enregistrement de ces dix mêmes compositions est devenu nécessaire, d’où le double album.
Ce soir « Le Monde à l’envers » est à l’endroit, puisque seul le Trio sera sur scène.
Ce Trio bien connu, c’est d’abord un duo, presque un couple à la longévité exceptionnelle puisque André Charlier à la batterie et Benoît Sourisse au piano et ici à l’orgue Hammond, travaillent ensemble depuis une quarantaine d’années. S’y est ajouté un troisième compère, le guitariste Louis Winsberg.
Du beau monde sur scène, de l’énergie, du talent et surtout une complicité musicale et amicale qui fait plaisir à voir. Si j’osais, je dirai que Benoît Sourisse porte bien son nom, puisqu’un sourire éclaire toujours son visage !
Leurs compositions originales sont des sortes de joutes ou de conversations rythmiques harmoniques dans lesquelles chacun apporte sa spécificités au service d’une musique originale, à la fois raffinée et sauvage toujours avec gourmandise et espièglerie.
Cette musique a du goût, elle se décline selon les inspirations et les histoires de chacun. Elle nous fait voyager aussi bien dans les sensations qu’elle procure que dans les pays qu’elle traverse. Il ne s’agit jamais d’un copier/coller mais d’une source à laquelle leurs compositions s’abreuvent pour trouver place dans leurs propres chemins musicaux.
Je pourrai dire aussi que leur musique est envoûtante, car inattendue et épicée. Il faut dire que le talent est au rendez-vous. Benoît Sourisse manipule, voire malmène, son clavier avec subtilité et assurance, quand André Charlier donne l’impression de discuter avec sa batterie lui demandant gentiment ou en colère de lui donner ce qu’il veut ! Quant à Louis Winsberg il est d’une inventivité exceptionnelle donnant à son instrument et à l’électronique qui l’accompagne, des sons originaux, inquiétants ou venus d’ailleurs.
Les univers sont donc multiples et racontent des histoires, comme celle rendant hommage aux forçats devant travailler à la constructions des chemins de fer dans l’ouest américain et qui, pour s’aider à soulever des rails extrêmement lourds, chantaient des Work Songs, d’où Gandy dancers. Nul doute qu’avec la musique du Trio ils auraient doublé leurs force !
Sans oublier l’afrobeat cher à Charlier et Sourisse avec Indomptable afrobeat à l’énergie assurée, un petit tour au Brésil avec Gil et John (soit « gilets jaunes » pour nous les français, avec la contraction de Gilberto Gill et Elton John !!) et Maracatu Mangé ; ou un petit tour en Afrique avec Dout’ Masaï.
L’intelligence de l’écriture et l’humour sont aussi une des marques de fabrique de ce trio qui fait fi des stéréotypes.
Pour le public surchauffé qui en redemande, c’est un hommage au saxophoniste Michael Becker, avec Madame Toulouse un blues cajun, qu’ils ont terminé la soirée et nous ont permis d’affronter le froid glacial avec le sourire !
