Drôle de nom que celui-ci : Rue de Tanger !
D’explication, il n’en a pas été donnée sur scène, sobriété de paroles.
Alors j’ai cherché sur Internet :
« Le nom du groupe a été choisi en référence à une rue métissée du 19ème arrondissement de Paris près des boulevards extérieurs de La Villette et de La Chapelle, dans laquelle se trouvait depuis 1926 un bal musette surnommé le Tourb’. »
Pierre-Yves Le Jeune, contrebassiste et compositeur à l’origine de ce trio, a voulu redonner une nouvelle vie au genre musical qu’est le musette, en le revisitant et en y mêlant des influences venues du Moyen Orient. Le musette, ce sont les guinguettes, les bals populaires, le mélange des classes sociales pour un moment de musique partagée et de convivialité. Bref une musique qui rassemble !
L’accordéon, instrument indispensable, se déploie sous les doigts agiles de Laurent Derache, tandis que Wadie Naim a ajouté à sa batterie un djembé très joliment décoré.
Les compositions de Pierre-Yves Le Jeune nous éloignent du 19ème arrondissement ! Le musette est ici secoué, dépoussiéré, relu pour aller vers un jazz métissé au goût d’Orient.
Les musiciens sont très concentrés, ciselant leur partition finement élaborée, faisant jaillir la nostalgie, la lenteur, la retenue ou l’enthousiasme et le soleil, selon les voyages qu’ils nous proposent, comme l’itinérant Rétrospection qui, par sa tension mélodique et rythmique, convoque tous ces sentiments. Simone ; la poule aux yeux d’or ; Lesbos ; Il camino ; encore des promenades étonnantes, poétiques et entraînantes.
Jo Privat ne reconnaîtrait peut être pas son Balajo, même si on y retrouve les pas de valse musette entraînés par l’accordéon qui virevolte et la contrebasse qui semble danser elle aussi. L’intrus c’est le djembé, mais il est bien accueilli dans ce tourbillon.
La fusion de ces inspirations diverses, la sensibilité de l’accordéon, la forte présence de la contrebasse et la finesse orientalisante des percussions : un cocktail réussi pour une musique originale.