C’est une bien belle idée pour débuter cette soirée. « Vents d’Ouest » est le nom de cet orchestre d’harmonie local. Neuf ans d’âge et implanté depuis sept ans sur la commune, ils sont accueillis en répétitions tous les mardis soir dans ce récent espace culturel joliment nommé la Passerelle en plein centre de Lentilly.
Constitué d’instruments de la famille des bois, cuivres et percussions, pas moins de trente deux sièges attendent les vingt huit « soufflants » et quatre percussionnistes de cet orchestre d’harmonie qui ne démérite donc pas le pluriel de son nom : « Vents d’Ouest » !
Nous écouterons attentivement ce soir neuf thèmes dans la tradition des grands orchestres de jazz, James Pendleton, Duke Ellington, etc …, mais aussi un medley de Stevie Wonder, un mambo cubain de Perez Prado, l’incontournable Libertango d’Astor Piazzola ou, pour clore ce concert, un étonnant Super Grenouille d’un compositeur contemporain italien nommé Marco Martoria.
Avec trois générations présentes sur scène, cet orchestre nous étonne par sa concentration et sa finesse sonore d’ensemble et les très très jeunes ne sont pas les derniers à y faire émerger leur belle aisance.
Une harmonie de bientôt dix ans d’existence et toujours dirigée par le chef Benoît Rullier avec bienveillance, finesse et humour, comme montré ce soir.
Le public a répondu présent et par son écoute attentive a su apprécier le travail et la belle prestation de cet orchestre amateur.
Avec une salle pleine, La Passerelle démontre, s’il en était besoin, qu’elle sait mettre à l’honneur la musique vivante de proximité et fournir « de concert » un judicieux tremplin aux candidats et candidates musiciens du cru.
Après une pose breuvage et délice de desserts, place à la deuxième partie de soirée, le septet « ABACUS » s’installe.
Si trio et quartet sont des formations très répandues en jazz, le septet y est plus rare, déjà un « mini-orchestre » et c’est le choix de Guy Marchi grand amateur de voyages et leader de cette formation. Il nous apprend que l’expression Abacus pouvait être utilisée en zaïrois dans le sens de « se retrousser les manches », ce qu’il n’a pas manqué de faire en s’attelant à la composition de tous les morceaux joués ce soir, alléché et grisé par les folles possibilités que procure sept pupitres.
Revendiquées sous influence jazz, rock ou funk, les compositions vont s’enchaîner avec une belle fluidité, les couleurs musicales rencontrées par Guy Marchi arpentant l’écorce terrestre transparaissent dans chaque titre et c’est un joli voyage qui nous est proposé : La Vida Loca (la vie folle), Amazonia, le Temps des Rêves, La Danse du Singe, … , et même l’inattendue immersion en fonds marins avec Abysse.
Avec un plaisir de jouer évident, ce septet respire la bonne entente sur scène et l’ensemble est pêchu. Subtils ou rageurs les morceaux respirent, se suivent en enchaînant les surprises, c’est enlevé et « bien gaulé ». Embarqués dans cette suite savante et légère, on ne verra plus le temps passer.
Ce septet est propulsé par une superlative section rythmique :
Le jeune Vivien Verracchia à la batterie qui lancera l’entame de chaque morceau dans la bonne pulsation, Ludovic Bouaud à la basse électro-acoustique ou électrique, Frédéric Roberto à la guitare électrique, et Vincent Coulanjon au clavier électronique.
Sollicités en solo, duo ou trio dans de savoureux assemblages harmoniques, les cuivres enchanteront l’aventure : Son perçant impeccable de la trompette propulsé droit devant par Pierre Brunier, timbres magnifiques des saxophones, « soufflés » par Philippe Diaz pour le baryton et l’alto et par Guy Marchi pour le ténor et le soprano, qui saura aussi surprendre l’auditoire par un long moment suspendu au bandonéon. (Cet instrument étant de la famille des vents, sa présence peut donc être considérée comme parfaitement légitime, même sur les genoux d’un saxophoniste …)
Il est tard mais, comme pour la première partie, la salle est toujours pleine. La bonne acoustique du lieu, l’enthousiasme et la belle écoute de vrais amateurs de musique ont aussi largement contribué à la réussite de cette soirée. C’est toujours réjouissant d’assister au succès public d’un groupe musical qui s’est donné tous les moyens pour entreprendre, réussir et partager un projet musical ambitieux.
Au plaisir d’un prochain rendez-vous d’une telle qualité.
PS : On pourra retrouver ABACUS en live le vendredi 19 avril au Crescent à Macon, à vos agendas ! Ou ré-écouter dans l’attente quelques-uns de leurs titres, voir ici : https://soundcloud.com/user-874268809