Comme l’a écrit à juste titre notre rédac’ chef dans son denier édito : « difficile de louper Ana Carla Maza en Isère cette semaine », j’ajouterai qu’il ne faut surtout pas la louper !
Cette jeune artiste, dont la silhouette a servi de modèle pour l’affiche des Détours de Babel, est une boule d’énergie positive, de fougue musicale qui, si j’ose dire, a mis le feu au théâtre Sainte Marie d’en bas.
De son Cuba natal, où la musique fait partie du paysage, elle a gardé la luxuriance, la couleur, et surtout la chaleur. Violoncelliste d’exception, compositrice et chanteuse, Ana y ajoute une présence sur scène flamboyante.
Visage souriant, elle nous emmène en voyage en Amérique du sud : impossible de résister à la samba, reggae, meringué, rumba ou tango, qu’elle réinvente sur les cordes de son violoncelle. Ce violoncelle en voit d’ailleurs de toutes les couleurs : elle le triture, le secoue, le frappe avec fougue et danse même avec lui, avec ou sans archet !
Son identité musicale et sa source d’inspiration sont avant tout la musique caribéenne et latino dans laquelle elle s’ancre, mais qu’elle mâtine de jazz et de violoncelle classique, sa formation de base. Chanteuse à la voix chaude et profonde elle savoure les mots et les sons, qu’elle fait goulûment rouler dans sa bouche.
Attachée à son pays natal, aux femmes qu’elle admire, qui lui ont transmis cette sensibilité et ce rythme si personnel, Ana leur a dédié ses compositions. Son quartier d’enfance à La Havane Guanabacoa au titre éponyme, où se trouve les meilleurs rumberos, sa grand-mère chilienne exilée qui a élevé seule ses trois enfants, ou Cuba : Caribe, qui veut dire joie de vivre, tomber amoureux ou coupures d’électricité !
Hommage est rendu à Astor Piazzola, avec un tango argentin dont elle adopte la dramaturgie avec son violoncelle, comme un langage de communication corporelle.
Avec son instrument et son talent, son charisme et sa joie de vivre, Ana a peint pour nous un tableau musical luxuriant, malicieux et rempli d’amour.
A tomar cafe est venu terminer en beauté et enthousiasme, avec l’aide très active du public, cette soirée marquée par la pétillance d’une jeune violoncelliste solaire qui cultive une liberté musicale sans jamais perdre son identité.