28/03/2024 – BCUC au Marché Gare pour le Récif Festival

28/03/2024 – BCUC au Marché Gare pour le Récif Festival

BCUC embrase le Récif

C’était une soirée importante pour Récif le tout nouveau festival de jazz de mars, porté par le Périscope et Baam Productions : il accueillait au Marché Gare en mode sold-out les sud-africains BCUC, un groupe un brin mythique au vu de ses dernières prestations dans la région. La première en 2017 au Club de minuit à Jazz à Vienne avec Jowee Omicil en guest (les murs en tremblent encore), en 2018 à l’Opéra Underground et en 2019 à l’Opéra de Lyon dans le cadre des nuits sonores (le groupe était passé de l’Opéra Underground à la grande salle après que le public se soit manifesté en masse !).

En lever de rideau et mise en bouche, une formation franco-colombienne de sept musiciens, Pambelé, a eu la dure tache de lancer la soirée avec leur musique mélangeant la tradition caraïbe colombienne et les influences propres de la culture rock, punk et pop. La multiculturalité de ses membres permet de belles connexions et l’énergie ne manque pas sur scène. Les deux chanteuses en première ligne ne ménagent pas leurs efforts et le groupe conduit le public du Marché Gare entre la danse et la transe.

Mais question transe, avant BCUC on ne peut pas imaginer ce que ce concept signifie réellement… Les sept de Soweto (décidément c’était le nombre phare de ce soir pour les deux groupes), « Buntu Continua Uhuru Consciousness » qui a comme devise « Musique pour le peuple, par le peuple, avec le peuple » est un phénomène à tous les niveaux : inspiration musicale variée, énergie sur scène, son puissant… Les voir performer est une expérience en soit, un rite initiatique, car on assite au fur à mesure du concert à une opération de transe généralisée qui s’opère sur le public, envoûté par les déclamations de son chanteur-leader Jovi, qui est plus qu’une bête de scène, il saute et danse dans tous les sens, harangue le public, manage ses compères sur scène, fait des apartés aux photographes présents, et va même jusqu’à faire des pompes vers la fin du concert. Une présence inouïe et un cri qui hantera longtemps la salle de musiques actuelles de la confluence… C’est comme si tout un quartier, toute une ville, vibrait en une transe unique et déferlante ! « l’Africangungunu », nom et style qu’ils ont inventé de toutes pièces, est une musique urbaine inspiré par l’idée de tradition. L’instrumentation de base du groupe est archi-simple : une basse électrique très funky, deux énormes grosses caisses, pour l’une jouée avec des gants et avec des mailloches très au milieu des peaux pour rendre un maximum de volume sonore, et pour l’autre avec des baguettes qui sont actionnées davantage vers le bas du fût. Plus une paire de congas avec son propriétaire qui se présente dès le début du concert torse nu comme un indice du degré de chaleur qui va régner dans la salle. Bref, une rythmique très puissante et hypnotique (qui fait vibrer avec ses basses les murs et les ventres… une pulsation inouïe !). On a l’impression d’avoir un environnement sonore d’un groupe de métal au niveau des fréquences de basse, c’est du surpuissant de bout en bout de la prestation scénique. Outre les percussions et la basse, il y a surtout le chant partagé entre le soliste qui psalmodie, crie, chante, murmure, déclame, c’est parfois quasi du prêche, souvent du Hip-hop…Et les réponses du chœur, avec sa chanteuse très imprégnée de Gospel et de Gnawa qui adoucit et affine un peu toute cette énergie brute et tribale des six garçons en folie.

Le mélange des influences du groupe, son énergie unique et son engagement total font ressortir une musique rebelle et surpuissante, une musique qui hypnotise réellement le public et va le jeter dans des transes que l’on ne rencontre que dans les rassemblements mystiques et religieux… La communion avec son public est une des forces de cette formation qui peut convertir des personnes d’horizons très disparates à leur musique et leur cause. On est bien au-delà d’un simple concert- même si le groupe a égrené tous ses morceaux fétiches durant près d’une heure dont le fameux Ynde- c’est une expérience sensorielle, physique et  quasi spirituelle… On en sort un peu sonné mais ravi d’avoir pu vivre cette transe musicale collective.

Merci à ce tout nouveau Récif pour cette programmation magistrale, on a déjà hâte de s’échouer sur le Récif de la seconde édition !

 

Line-up :

  • Zithulele Zabani Nkosi dit « Jovi » : voix principale
  • Lehlohonolo « Hloni » Maphunye : chœur
  • Kgomotso Neo Mokone : chœur
  • Mritho Luja : grosse caisse, chœur
  • Skhumbuzo Mahlangu : grosse caisse
  • Thabo « Cheex » Mangle : congas
  • Mosebetsi Ntsimande : guitare basse

Auteurs/autrices