Elle est apparue sur la scène du Théâtre Saint Marie d’en Bas, aux allures de temple romain, telle La jeune fille à la perle, le célèbre tableau du peintre néerlandais Johannes Vermeer.
Avec sa voix douce et ses rondeurs de future Maman, l’inventive harpiste Julie Campiche contribue à créer une ambiance feutrée, qu’accentue le faible éclairage des cordes.
Pour les Détours de Babel, elle offre en exclusivité un nouveau projet, qui ne sera connu du public qu’en janvier 2025, et qui lui tient particulièrement à cœur puisqu’elle rend hommage aux Femmes connues ou inconnues, d’aujourd’hui ou d’hier, d’ici ou d’ailleurs.
C’est à la naissance de son premier enfant, que je suppose être une fille, que Julie a ressenti l’impérieuse nécessité de mettre en lumière ces femmes qui composent la moitié de l’humanité et qui sont pour certaines célèbres, ou pour d’autres anonymisées, mais toutes importantes.
C’est donc avec sa musique, qu’elle dit être : « un refuge de liberté pour l’imaginaire » que cet hommage se concrétise. Une harpe certes, mais aussi un matériel électronique important, une percussion, des tissus, sa voix, voilà l’environnement instrumental utilisé pour inventer une musique surprenante. Julie est une harpiste en démarche d’innovation, créant dans ses compositions une sorte de langage musical très personnel associé à ses propres réflexions sur le monde.
Avec sa harpe, ses effets électroniques, sa voix ou celles d’autres femmes, elle installe des émotions, les identités des personnes évoquées.
Anonymus et son mantra répétitif « le plus souvent dans l’histoire, anonyme est une femme » ; Zaïna en hommage à l’innocence. Pour évoquer la violence faites aux femmes et aux enfants, elle convoque AndréA Bescon, artiste multidisciplinaire qui les dénonce. Des bruits d’objets cassés, des soupirs, une harpe dynamique, les sons amplifiés, tout exprime l’effroi.
D’autres femmes sont invitées : Las patronas, celles qui donnent à manger et à boire aux migrants qui s’accrochent aux trains de marchandises au Mexique ; Rosa, les petites, les invisibles, les sans papiers ; Mamans du ciel, les femmes dé-enfantées à qui ont a retiré leurs enfants ; ou Grisélidis Réal, écrivaine, artiste peintre et prostituée suisse, qui a défendu les conditions de vie des prostituées.
Julie Campiche a utilisé son langage musical audacieux et complexe pour traduire ses réflexions sur le monde, qu’elle veut partager et défendre avec pertinence et émotion.
Et c’est avec Dastet Dard Nakoneh, une sorte de Merci en farsi, dédié à tous ceux qui permettent que sa musique existe, qu’elle a terminé ce concert.