On y arrive, c’est le dernier concert du festival, la présidente de Jazz dans le Bocage Hélène Daviet, remercie chaleureusement les bénévoles (billetterie, cuisine, mise en place, accueil et transport des musiciens), les techniciens et j’en oublie certainement, et Jean-Luc Maronne pour sa programmation toujours surprenante et de qualité. Les dates de l’an prochain sont déjà fixées du 24 au 31 mai 2025. L’organisation est rodée et parfaite.
Sur scène treize instrumentistes, un bigband atypique avec un quatuor à cordes, une complicité évidente, de la bonne humeur et un niveau haut placé. A la direction et composition, Fred Pallem aux manettes de sa basse, très présent, sans néanmoins prendre le devant de la scène.
L’Amour du Disque nous met tout de suite dans le bain de cette énergie partagée, une mise en place à toute épreuve, un côté très pop-rock, introduit par Guillaume Magne à la guitare et Sylvain Bardiau jonglant entre bugle et trompette. Le tromboniste Daniel Zimmerman se lance dans une improvisation qui laisse présager un agréable concert.
Nous continuons avec Le village du sorcier très rythmé sur lequel nous pourrons apprécier un chorus de Rémi Sciuto au saxophone baryton, de Daniel au trombone et de Sylvain à la trompette.
Le troisième morceau se veut plus contemplatif avec pour thème le temps qui passe et que l’on ne rattrape jamais ; Le Sablier. A cette occasion, Rémi prend la flûte puis passe au sax alto pour un chorus harmonieux juste accompagné par le synthétiseur joué par Sébastien Palis, chacun a sa place et tout le monde est mis en valeur suivant les moments, puis tout le monde rentre excepté les soufflants dans un crescendo d’enfer avant de s’éteindre sur quelques notes de synthétiseur.
Un hommage au papa de Fred qui lui avait fait promettre d’écrire un morceau pour lui. Malheureusement celui-ci est parti précipitamment et il n’a composé ce titre, Goodbye Loubarock, (du nom du groupe de rock de son père), qu’après son décès. Le départ est donné dans les graves comme une marche funèbre par le baryton, le bugle, le ténor et le trombone, une très belle mélodie est amenée par le clavier, reprise par les cordes et les vents. Une impro de Rémi au baryton suivie d’un chorus dans le style très Pink Floyd du guitariste. Le thème est repris délicatement par les cordes, par le synthé et le glockenspiel sous les baguettes de Benoît Lavolé.
Nous continuons avec 62 Satellites introduit au synthé avec des sons très électro, des envolées précises d’archets dans le style de musique de film, rappelant parfois les Shadows. Le rythme très rapide est bien soutenu par la batterie, les bongos et la basse. Un solo de trompette puis de sax ténor dans les aigus très cosmique de Christine Roch au sourire contagieux. Les cordes sont à l’honneur dans L’Odyssée, là encore Christine s’adonne dans les aigus sur son soprano courbe avec une énergie annonçant une fin fortissimo.
Une composition qui lui est venu au cours d’un bain de mer, The Naked Bath (le bain nu), où exceptionnellement il dirige le départ. Des gouttes d’eau au glockenspiel soutenues par la guitare et le synthé. Musique très calme et planante, un chorus de Rémi à l’alto qui glisse sur l’onde et un final en harmonique sur la basse. Bitches en Marbella écrit en une matinée durant le confinement, rappelant Franck Zappa , très enlevé avec des traits rapides aux violons. Solo déjanté de Sébastien au synthé, puis du trombone. Les archets dansent sur les cordes, ce morceau est porteur d’allégresse. Je n’ai pas noté le titre suivant en 6/8 basé sur des ritournelles qui font penser à un manège qui tourne et se termine très légèrement dans une belle mélodie à la basse et au glockenspiel.
Nous terminons sur une Suite Italienne où Guillaume Lantonnet à la batterie, exécute un solo à un rythme d’enfer, l’énergie est toujours au rendez vous avant une partie plus douce à la Ennio Morricone, mettant en valeur les cordes, puis une fin rapide et très rock.
Le public ne résiste pas, se lève et applaudit jusqu’au retour de tout le monde. Fred remercie l’organisation du festival avant d’entamer L’Atelier, très rythmé et dansant, des sons répétitifs, mécaniques, la section des soufflants mime des robots.
Tout a une fin, nous repartons de la musique plein les oreilles, le sourire aux lèvres ravis par ce dernier concert qui a boosté notre énergie malgré la fatigue de la semaine. Très belle prestation de ce collectif aux morceaux variés, à l’énergie débordante et généreuse et où chacun a bien sa place.
Au violon et au sourire Anne Le Pape, au violon également Aurélie Branger, à l’alto Camille Chardon et au violoncelle Solène Chevalier.
Une dernière soirée à l’image de la programmation de cette vingt-troisième édition du festival Jazz dans le Bocage : des très belles découvertes, des concerts variés, souvent inattendus, et toujours de très grande qualité. Il n’est pas un soir où nous ne soyons pas rentrés heureux de ce qu’il nous avait été proposé à écouter.