21/05/2024 – Fabio Gouvea Quartet au Hot Club de Lyon

21/05/2024 – Fabio Gouvea Quartet au Hot Club de Lyon

Hier soir, nous avons eu le plaisir d’assister au concert de Fabio Gouvea Quartet. Mais comme ce guitariste d’origine brésilienne, vivant actuellement à Berne (depuis quatre ans) est peu connu du grand public français, laissez moi en quelques mots vous le présenter. Ayant déjà six albums à son actif, ayant remporté quelques prix (un « grammy avec son trio Curupira; un autre, le « latin grammy » pour son album créé avec Hermeto Pascoal- (il est membre de son big band), Fabio a joué avec beaucoup de monde (Scott Colley, Hamilton de Holanda, Nailor “Proveta, Donny McCaslin, John Ellis ; Jean-Michel Pilc…), Car il est très demandé pour les qualités de sa rythmique, un sens approfondi de l’harmonie et de la mélodie, qui font de lui non seulement un sideman apprécié mais aussi un créateur dont le caractère s’affirme dans des compositions qu’il distille dans ses albums et concerts.

Ainsi avons nous entendus hier soir quelques thèmes comme Transparencia concreta qui sont très composés en effet. Et se présentent comme de véritables « Suites », avec toute une série de séquences aux rythmes forts différenciés, avec parfois des accélérations superbement ménagées par Zaza Desiderio à la batterie, des tempos complexes (des mesures à 7 temps ou trois temps et demi, qui font entrer la musique latin dans le jazz moderne), des mélodies déjantées, des motifs joués sur de superbes arpèges de guitare et les marquages rythmiques de la batterie et de la contrebasse de Marcel Bottaro.

Dan Dumon, ce guitariste brésilien vivant à Grenoble, est venu vendredi 24 spécialement au Hot pour l’occasion et je relaie son cri d’admiration : « Caraca acho que vou la assistir!!! boraaaaa!!! ». C’est vous dire le plaisir que nous, le public avons pris à assister à ce concert- événement. Concert qui a fait une salle comble et enthousiaste, chaude comme la braise, « braisilienne » si je peux me permettre. Plaisir à partager des sambas et bossas voluptueuses, et à partager le plaisir que prenaient visiblement les musiciens entre eux. Musiciens qui se découvraient mutuellement. Puisque Alfio Origlio au piano ne connaissait pas Fabio avant ce concert, qui lui même ne connaissait pas Zaza. Et l’osmose du groupe en était d’autant plus stupéfiante. Et le caractère dansant de la musique était mis en relief par le renouvellement des « tourneries » à l’intérieur d’un même rythme, par la gestuelle des musiciens, par leurs sourires de connivence; quand le « groove » impliqué par le thème et sa danse est épousé, surligné par les chorus, marqué par le dialogue incessant entre les instrumentistes. Nous avons passé une belle soirée brésilienne au Hot en écoutant De volta (une valse rapide dont le thème et joué au piano à l’unisson sur deux octaves d’écart; Red blues de Carlos Jobim, Milonga Gris ou encore Oracao (une entrée en douceur dans le deuxième set), Beija-flor( de Cavaquinho) ou encore Piraparajo (autre samba rapide à la structure de thème de jazz précise Fabio).

En rappel- car le public ne voulait pas laisser partir les musiciens-, nous avons eu un beau thème, Beatrice (de Sam Rivers) ; la muse des poètes et des musiciens. Quant à nous, nous proposerons une mention spéciale pour Samba E amor.

Zaza a animé fabuleusement ces thèmes. Il a déployé des chorus ou sa finesse de jeu, son inventivité, son aptitude à renouveler les timbres, le rapport au peaux a touché le public. Le sens mélodique d’Alfio une fois de plus a fait mouche, suscité l’enthousiasme (son Absyration fut aussi au rendez-vous) et nous a enchanté, (a enchanté pour commencer Sieur Fabio), les chorus de guitare ont été somptueux. Fabio est un grand guitariste et Marcel Bottaro (dans Transparencia par exemple) a montré son grand talent d’improvisateur! Lui qui avait réuni toute l’équipe (et œuvrer pour permettre de telles rencontres demande beaucoup d’énergie!) a été récompensé.

Auteurs/autrices