29/06/2024- Sissoko / Ségal / Parisien / Peirani à Jazz à Vienne

29/06/2024- Sissoko / Ségal / Parisien / Peirani à Jazz à Vienne

Issues de l’adjonction de deux duos avec d’une part le tandem Ballaké Sissoko (kora) et Vincent Segal (violoncelle) associés de longue date sur le label No Format ! où ils ont publié trois albums et d’autre part la paire phare du jazz hexagonal Vincent Peirani (accordéon) et Emile Parisien (sax soprano) fidèles du  label ACT où on ne compte plus leurs collaborations ensemble ou séparément, les quatre musiciens ont donné naissance à un nouveau quartet qui ouvre carrément de nouvelles perspectives musicales tant au niveau du son qu’au niveau du style en s’alimentant bien au-delà du jazz  de toutes les musiques classiques et traditionnelles du monde et dont le nom Les Egarés est déjà en soi tout un programme.

La petite histoire retiendra que c’est en 2019 lors de la préparation du Festival des Nuits de Fourvière où Vincent Segal avait réuni autour de lui ses trois autres complices pour une répétition vite transformée en jam durant laquelle le plaisir, la beauté, l’écoute réciproque et la richesse de chacun a fait naitre l’envie de pousser plus loin la rencontre de « ceux qui se sont égarés » pour donner naissance à un nouveau projet fait de partage et de spontanéité où chacun apporterait son savoir-faire et ses compositions. Enregistré en 2022, l’album sortira en mars 2023 simultanément (fait assez rare pour être noté) sur deux labels, No Format ! et ACT ; les critiques sont élogieuses, les concerts se multiplient et cet été le quartet se retrouve à l’affiche de nombreux festivals.

Pour le rendez-vous viennois, la météo annoncée orageuse aura finalement été clémente et favorable à l’écoute d’une musique essentiellement acoustique et riche de nuances et de mélanges de toutes sortes. C’est quasiment l’intégralité des thèmes de l’album qui seront joués ce soir avec une bonne place laissée à la spontanéité favorisée ici par la proximité des musiciens rendant possible les échanges complices de regard et toute une communication non verbale. Le concert s’ouvre sur Ta Nyé une composition de Ballaké Sissoko dans un pur esprit mandingue permettant à chacun de se faire une place. C’est une composition de Vincent Segal Time Bum qui prend la suite avec une belle intervention d’Emile Parisien au soprano. Place ensuite à Izao une composition tout en finesse de Vincent Peirani  qui outre son accordéon laisse largement s’exprimer la kora, le violoncelle et le soprano au point de déclencher des manifestations de plaisir chez un public touché. Une autre composition de Vincent Peirani, Nomad’s Sky remporte tout autant l’adhésion par l’ivresse qu’elle procure autour du violoncelle torturé de Vincent Segal. Annoncé par Emile Parisien, c’est une composition de Josef Zawinul Orient Express qui est le prétexte de la poursuite d’un voyage enjoué vers un Orient rêvé où les quatre instruments se mélangent de façon virtuose et malicieuse. Vient ensuite une composition d’Emile Parisien Dou, ouverte d’un chorus de soprano avant qu’il ne s’efface devant ses complices pour leur laisser revisiter la mélodie.

Pour le final, ce sera Esperanza de Marc Perrone un titre plus enjoué que le public rythme avec une joie non dissimulée. Indiscutablement le titre idéal pour terminer un concert.  Malgré une intense ovation, le temps imparti est révolu et les musiciens n’auront le droit de revenir sur scène que pour un nouveau salut au public. Certes frustrant après un concert d’une telle qualité, mais c’est la loi qui s’impose de plus en plus dans les festivals.

Le croquis de François Robin

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