OUF !, c’est la clameur entendue dans le théâtre à 20 heures en attendant le début du spectacle à la prise de connaissance des résultats du second tour des législatives que beaucoup surveillaient sur leurs portables.
OUF, c’est aussi le cri du cœur de Gabi Hartmann lors de son entrée sur scène à 20 heures 30 qui avoue avoir eu peur et s’est dite soulagée et libérée avant de partager sa musique tout en douceur et pleinement ouverte au monde.
Gabi Hartmann est une jeune chanteuse française, autrice-compositrice et guitariste de trente-et-un ans dont les influences revendiquées sont le jazz, les musiques latines et la chanson.
Ouverte au monde ; elle le prouve en chantant en anglais, français, arabe et portugais. Elle a vécue quelques années au Brésil, aussi tout au long du concert, on la sent proche de cette langue et de cette culture.
Son premier album éponyme sorti en 2023 a eu un très grand succès. Il faut dire qu’outre son talent, elle a su très bien s’entourer. Le grand Jesse Harris, auteur, compositeur, guitariste et producteur, y a largement participé. Lui qui avait déjà travaillé avec des Norah Jones, Madeleine Peyroux ou autre Melody Gardot. Don’t know why, c’est lui !
Ce soir, elle déroule les chansons de ce premier album, avec, pour commencer, Lullaby et Buzzing bee et celles de son EP sorti récemment « Little song lines ».
De cet EP je retiens surtout la très belle ballade Mille rivages, composée, elle aussi, avec Jesse Harris, et la reprise de la regrettée Lhasa Is anything Wrong.
Sur le morceau L’amour incompris, c’est elle qui chante le couplet en arabe qui est interprété en duo avec Ghandi Adam sur l’enregistrement studio.
Il y a un an, j’avais assisté à son concert au festival de Marciac dans une salle plus intimiste de cinq cents places, qui sied davantage à l’ambiance feutrée que dégagent ses concerts me semble-t-il. Depuis, elle a gagné en assurance et en professionnalisme ; son groupe, lui, s’est agrémenté d’un souffleur de talent, Robby Marshall (clarinette, saxophone, flûte traversière…).
La chanson qui gagne tous les suffrages du public à chaque fois c’est La mer qui n’est absolument pas une bluette, mais un cri contre la mort de migrants en Méditerranée et notre inaction.
« La mer qu’on voit danser
À des reflets de sang
Des corps de naufragés
Dans l’oubli, chavirant
… »
Un cri qu’elle poussera encore nous a-t-elle confié tant que ces drames continueront.
C’est une artiste sincère tout en délicatesse qui montre aussi toute sa fantaisie avec des morceaux plus enlevés comme Samba de la terre ou Maladie d’amour.
On la retrouvera plus tard dans la soirée comme invitée pour l’hommage à Claude Nougaro, mais c’est une autre histoire.
- Gabi Hartmann: voix, guitare
- Robby Marshall: clarinette, saxophone
- Abdoulaye Kouyate: guitare
- Florian Robin: piano
- Elaine Beaumont: contrebasse
- Bruno Marmey: percussions