Parmi les fratries françaises célèbres du jazz, il y a les Moutin ; les Belmondo et les Ceccaldi. Théo, (violoniste, le plus extraverti) et Valentin (le plus réservé, violoncelliste et bassiste de son état) sont les plus audacieux et expérimentaux en matière de projets foutraques. Celui qui nous occupe, Kutu, présenté à la « All night » de Jazz à Vienne, ne déroge pas à la règle. Ils sont accompagnés à la batterie par un autre personnage un peu barré, Cyril Atef, seul batteur qui a intégré dans son kit une bombonne vide de fontaine à eau (qui se marie d’ailleurs impeccablement avec ses rototoms). Le concept du groupe provient d’un séjour à Addis-Abeba, en Ethiopie, au cours duquel il rencontre notamment la jeune chanteuse Hewan Gebrewold, avec laquelle il approfondit ce mix de jazz, de chanson traditionnelle éthiopienne et d’électro du plus rafraichissant et dansant il faut bien le confesser. A ce quartet ajoutez un clavier pas du tout tempéré, Akemi Fujimori-Poivre, entendue dans le nouveau groupe de l’excellent Thomas de Pourquery, qui arborait pour l’occasion une tenue manga du plus bel effet.
Le projet était présenté à Vienne pour la première fois et la joie communicative de ces cinq-là faisait plaisir à voir : ils n’avaient qu’une ambition, faire danser et chanter le Théâtre Antique !
Théo est un showman du tonnerre avec son violon électrifié qui gronde et qu’il joue comme une guitare électrique dès les premières notes ! Et Hewan en frontwoman avec Akemi en renfort de chœurs et danse. Au troisième morceau, Théo démarre par un long chorus solo, et interpelle le public par un « vous avez envie de chanter, vous avez envie de danser, vous êtes chaud ? » Le public ne cessera pas de répondre à l’appel de la transe et de la danse durant tout le set qui met la grande scène de Vienne dans un état proche de l’extatique ! La chanteuse éthiopienne interprète seule ensuite un morceau traditionnel Bati-Bati qu’elle chante a capella et elle propose aussi au public de lui apprendre la danse de son pays dans un esprit de partage qui a parcouru toute la soirée de bout en bout. Mais c’est déjà le dernier morceau qui permet aux frérots Ceccaldi de faire assaut de passages quasi-hard-rock ! A la fin du titre, tous les musiciens quittent leurs instruments pour se retrouver au-devant de la scène à danser devant un public conquis. Le groupe quitte la scène et c’est Cyril Atef qui revient en premier pour demander si le public aime la reggae music ? Tout à coup, l’éthio-transe distillée tout au long de leur set prend un autre chemin musical, mais toujours aussi créatif et réjouissant ; une des belles surprises de cette « All night » qui a pourtant connu des petits moments en sous-régime dans les dernières heures de sa programmation… Mais la prestation de la « Ceccaldi connexion » a été des plus convaincantes et on a déjà hâte d’écouter à quoi pourra bien ressembler leur futur nouvel univers musical : avec Théo et Valentin, on est toujours en perpétuel bouillonnement et renouvellement salutaire.
Line-up :
- Hewan Gebrewold: voix
- Théo Ceccaldi: violon
- Akemi Fujimori-Poivre: claviers, chœurs
- Valentin Ceccaldi: basse
- Cyril Atef: batterie, percussions
