19/07/2024 – Daniel Garcia Trio au Crescent Festival

19/07/2024 – Daniel Garcia Trio au Crescent Festival
On les compte sur les doigts d’une main les pianistes de jazz espagnols : Marco Mezquida  ; Agustí Fernández (ah La niña de la calle Ibiza avec Barry guy et Ramon Lopez !) ; Clara Lai  ; Dorantes (ah Mar y rayo (Garrotin y liviannas) avec Renaud Garcia-Fons !)  ; Tete Montoliu …
Daniel Garcia, né en 1983, intègre ce palmarès. Diplômé de la prestigieuse Berklee College of Music il y a une dizaine d’années, il commence à se faire un nom alors qu’il a quand même signé cinq albums sous son nom. Mieux vaut tard…
Il est invité (enfin !) par le Festival du Crescent et va nous présenter des morceaux de ses deux derniers albums « Via de plata » et « Traversuras » ainsi qu’un morceau de son album à sortir à la fin du mois d’août « Wonderland ». Trois albums chez Act.
 
Ce concert a failli ne pas avoir lieu. La panne mondiale de Microsoft ayant affecté les avions que le trio devait prendre pour rejoindre la région. Le groupe est arrivé à peine trente minutes avant l’heure du concert. Ouf !
 
Qu’importe, le trio s’installe et entame d’emblée Gates to the land of wonders (du prochain album « Wonderland »). Le contrebassiste est son partenaire habituel Reiner Elizarde « El Negrón » et le batteur Michael Olivera est remplacé par l’iranien Shayan Fathi. Cohésion et connivence sont d’emblée perceptibles, les visages respirent la joie d’être enfin sur scène devant un public conquis.
La communidad est un tango flamenco (rien à voir avec celui de l’Argentine). Sous des abords pseudo-traditionnels ce morceau est résolument moderne et enjoué. Sur certaines mesures, on retrouve l’univers de Jean-Sébastien Bach. Batterie et contrebasse se moulent dans ce jeu.
Le troisième morceau est une sorte de ballade aux mesures quasi enfantines, démarrée par un long solo de piano où Daniel Garcia nous montre toute l’élégance de son jeu, l’allegria (la joie) n’est pas loin. Contrebasse et batterie s’invitent délicatement dans le jeu avant que le morceau ne monte lentement en tension. On apprendra qu’il s’agit d’une adaptation d’un tube de Camarón de la Isla, La léyenda del tiempo sorti en 1979 et qui avait fait scandale à l’époque, car c’était le premier morceau flamenco joué avec des instruments électriques. Une rupture devenue repère (« landmark ») dans cette esthétique.
Le pianiste aborde enfin des musiques salamanquaises qui lui sont si chères avec Calle compañia. De l’art de jazzifier les musiques traditionnelles. Reiner Elizarde « El Negrón » s’embarque dans un très long solo de près de dix minutes, chaudement salué par le public et ses partenaires.
Dernier morceau, Travesuras sur lequel Daniel Garcia se pique de vocaliser. Très peu de temps, heureusement !
 
Et puis, il faut laisser la place à Donny McCaslin et nous n’aurons droit qu’à un salut en guise de rappel. Dommage !
 
Une très belle découverte pleine de grâce et d’élégance, servie par des musiciens habités. Vous pourrez retrouver Daniel Garcia en trio le 30 juillet 2024 au Crest Jazz.

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