31/07/2024 – Robin McKelle au Crest Jazz

31/07/2024 – Robin McKelle au Crest Jazz

La générosité et le talent

On ne présente plus Robin McKelle, cette chanteuse américaine vivant maintenant à Paris, qui chante depuis son plus jeune âge (sa mère, elle-même chanteuse a toujours prétendu qu’elle avait chanté avant de parler !). Elle intègre d’ailleurs la chorale de l’église à cinq ans et commence à pratiquer le piano. Plus tard, c’est la France qui l’a bien accueillie, dit-elle et elle précise que sa « vie est sur scène ».

Ce soir, elle vient avec son projet « Impressions of Ella » après avoir eu de multiples influences tout au long de sa carrière. Elle a voulu ne pas faire seulement un hommage, mais nous offrir des arrangements originaux dans le respect de l’œuvre d’Ella.

Ses musiciens entrent en scène : Jonathan Thomas et sa veste blanche se met au piano, Blake Meister et sa veste noire installe sa contrebasse et Diego Ramirez, en chemise blanche, s’installe derrière sa batterie.

Entre alors en scène Robin McKelle, ses cheveux roux détachés tombant sur une épaule dénudée, arborant une robe rouge bouffante et ceinturée, parée de nombreux joncs dorés et argentés, de longues boucles d’oreille dorées, le vernis des mains et des pieds est parfaitement assorti à sa robe et ses chaussures à talons sont dorées elles aussi. Lorsque vous saurez que son micro et son support sont pailletés, vous comprendrez le soin mis à se présenter à nous avec une élégance parfaite.

Le set débute avec Something où nous prenons immédiatement la mesure du talent des musiciens qui l’accompagnent ce soir. La joie, le sourire, le dynamisme seront de mise pour ce quartet tout au long d’un set généreux d’une heure quarante.

Taking a Chance on Love, qui met en valeur le jeu dynamique du piano, parle des difficultés en amour.

Pour le célèbre Caravan, sa gestuelle est voluptueuse, elle danse et chorégraphie ses paroles.

Darn that Dream est une chanson sur les rêves, nous explique-t-elle, « lorsqu’on se réveille, les rêves ne partent pas tous. »

My One and Only a été enregistré avec Kenny Barron, mais le swing du pianiste de ce soir n’a rien à lui envier.

Pour Desafinado de Jobim, créée par Joao Gilberto, le solo de contrebasse est très engagé (il nous gratifie même d’une citation de La Marseillaise), une partie instrumentale assez longue nous est proposée et Robin revient pour scatter en évoquant l’odeur sucrée des gaufres [NdlR : d’un des food trucks situé non loin] qui chatouillent les narines des auditeurs et les siennes. Elle fait chanter le public et finit en improvisant.

Old Devil Moon nous laisse encore apprécier la virtuosité de ces musiciens.

Head High qui met en valeur le pouvoir des voix féminines, se termine par la contrebasse et la batterie qui se répondent bientôt rejoints par le piano sous des lumières vives dans les tons de rouge.

I Must Have that Man, boogie-woogie célèbre est de plus en plus rapide.

La ballade April in Paris est introduite par Robin qui explique que « les saisons n’existent plus comme avant ».

Les faisceaux lumineux sont bleus pour Embraceable You, morceau tendre introduit par un solo de piano.

How High the Moon est très applaudi, « c’est le titre qui lança la carrière d’Ella » nous dit Robin.

Pour le titre de Ray Charles Hallelujah I Love Her So, Robin demande au public de venir danser devant la scène et Sandrine M. et ses collègues chanteuses (qu’on a pu apprécier lundi soir lors du projet créé par Loïs Le Van) ne s’en privent pas… Elle dit au revoir en chantant…

Pour les rappels, c’est un A-Tisket, A-Tasket très enlevé et un dernier blues sur lequel elle scatte tout en incluant le mot « gaufre », tant et si bien que Sandrine et ses amies lui en apportent une… qu’elle goûte aussitôt avec gourmandise !

C’est ça Crest Jazz Festival, le partage d’émotions, la convivialité, la joie d’écouter une artiste simple, sympathique, mais dans une formule très professionnelle avec des musiciens souriants et talentueux que nous quittons à regret…

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