01/08/2024 – Leïla Olivesi Octet au Crest Jazz

01/08/2024 – Leïla Olivesi Octet au Crest Jazz

C’est lors du Parfum de Jazz 2021 que je découvre Leïla Olivesi à la tête de son mini « all french stars » big band ; sous le charme assurément, je scrute depuis son parcours incroyable.

Reconnue désormais très officiellement par ses pairs et par les récompenses et fonctions qu’elle reçoit régulièrement, elle fait indéniablement partie de ces musiciens créatifs, résolument contemporains qui utilisent avec personnalité la Grande Histoire du Jazz pour écrire et jouer avec révérence, mais aussi énormément de charme, leurs créations pour lesquelles finesse, audace et efficacité riment avec une énergie lyrique toujours positive, elle est une voix originale incontournable de ce jazz qui nous obnubile.

Le programme de ce soir est celui de son sixième opus envoûtant : « Astral » sorti en 2022, il succédait à la « Suite Andamane ». C’est en octet qu’elle le propose, fidèle à ses partitions originelles, même si elles sont continuellement modulées, les solistes de première bourre qu’elle a su réunir offrent tous des propositions qui sont celles d’improvisateurs inspirés qui ne rejouent pas une « improvisation » qui pourrait être écrite, comme tant d’autres le font … Il y avait ce soir un petit jeu de chaises « musicalisées » : César Poirier aura pris la place du ténor, il est le « petit nouveau » des pupitres où il aura su évidemment s’inscrire et convaincre sans aucune controverse ; Adrien Sanchez se sera quant à lui saisi du saxophone alto et de la flûte. Que dire de tous les autres ? Quentin Ghomari est définitivement un trompettiste sur qui il faut compter et Jean-Charles Richard, en pilier du gang aura une fois encore montré sa grande délicatesse, ils sont tous « impeccables ». J’ai toujours une écoute particulière pour la guitare singulière de Manu Codjia qui apporte des couleurs inouïes à cet ensemble copieusement huilé, il est une section à lui seul, rien ne se ferait aussi bien assurément qu’avec la complicité très fidèle du tandem solide de la contrebasse de Yoni Zelnik et la batterie de Donald Kontomanou.

De l’ensemble de cette pièce et en général de toutes celles de la compositrice, je félicite tout particulièrement son art de l’aria ; bien trop souvent les mélodies ne sont plus, on ne les chante pas au sortir d’un concert, indéniablement celles de Leïla sont inscrites sur nos barrettes mémoires. Sa grande science des couleurs, elle l’aura encore sollicitée ce soir grâce à la polyvalence des instruments joués par César et Adrien, Leïla sait faire sonner un octet comme un big band. On sait sa connaissance particulièrement encyclopédique de l’univers du Duke, elle nous aura également donné un témoignage de son respect envers ceux de Wayne Shorter ou encore de Mary Lou Williams. Leïla lit « Au feu des rêves » un poème de Lucie Taïeb (Chloé Cailleton, la chanteuse attitrée n’est pas de ce voyage-là), la contrebasse puis la guitare improvisent, l’orchestre se reforme autour d’eux.

Ah oui ! à propos de ces solistes particulièrement fidèles, il ne faut surtout pas oublier que la cheffe est aussi une formidable pianiste…

p.s. les disques de Leïla Olivesi sont distribués et notamment la réédition récente de son album en trio « Tiy ». Pour ceux qui seront dans notre région, elle donnera « Astral » dans le cadre majestueux du Monastère Royal de Brou le 24 août prochain. Il faudra pareillement rester très attentif au concert du 4 octobre prochain au fameux studio 104 de la Maison de la Radio pour les nouvelles pages de Leïla Olivesi en sept mouvements pour les « Rhapsodies Noires ».

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