16/08/2024 – Airelle Besson Quartet « Try » à Buis-les-Baronnies pour Parfum de Jazz

16/08/2024 – Airelle Besson Quartet « Try » à Buis-les-Baronnies pour Parfum de Jazz

Ce soir, le concert du festival Parfum de Jazz a lieu   en intérieur, le temps incertain nous ayant contraints au repli.

Au programme, le quartet constitué il y a dix ans par la trompettiste Airelle Besson autour de ses compositions, qui joue pour nous les musiques de son deuxième album, sorti en 2021, intitulé « Try ».

Le premier morceau The sound of your voice — part one nous introduit progressivement dans l’univers musical de cette formation, débutant par une mélodie douce de trompette solo, agrémentée de sons « glissés »  très maîtrisés, puis arrive le piano de Benjamin Moussay qui installe une ballade envoûtante avec le batteur Fabrice Moreau, et la voix céleste de Lynn Cassiers qui vient doubler la trompette et se confondre avec elle.

Au fur et à mesure du concert, le talent de chaque musicien va se révéler. L’énergie et l’imagination foisonnante de Benjamin Moussay, autant à l’aise dans un jeu très groovy qui s’épanouit sur The sound of your voice — part two, que dans l’interprétation d’une mélodie style romantique avec The sound of your voice — part three, ou encore dans un solo endiablé avec The painter and the boxer soutenu avec élan par la batterie. Ce morceau n’est-il pas d’ailleurs un clin d’œil à Fabrice Moreau, peintre au demeurant et dont le jeu de batterie n’est pas sans m’évoquer celui d’un boxeur, dans son art du rebond ?

Sur Uranus et Platon, ce batteur infatigable déploiera son incroyable créativité et dextérité dans un dialogue avec le piano puis un solo effréné qui finit en feu d’artifice. Avec le morceau Try inspiré de jingles et de voix synthétiques de l’aéroport de Shanghai, nos artistes font feu de tout bois, non sans humour.    

La chanteuse Lynn Cassiers semble naviguer dans cette musique avec aisance, posant sa voix pure avec beaucoup de délicatesse.    

Grande aisance et virtuosité de chacun, mais sans démonstration ostentatoire : l’engagement reste au service de la musique.

C’est sans aucun doute ce qu’insuffle l’instigatrice de ce quartet. Sa présence discrète, mais efficace, trompette à la fois vive et sensible, souvent rythmique, parfois lyrique sans surcharge, toujours poétique, laisse toute la place à ses trois comparses. Son talent de compositrice lui permet de lier des caractéristiques apparemment contradictoires de la musique classique et du jazz, comme rigueur et créativité, écriture et improvisation, harmonie et « dissonance ». Elle parvient à jouer avec les codes des différents styles sans rien dévoyer, et c’est pour moi, un processus de désaliénation timbré qui régale les oreilles.

La qualité des arrangements et de l’interprétation font que chacun tisse le fil d’une partition sans accroc, sans redondance, tout en nuances. C’est une musique qui s’offre à nous avec une fluidité évidente, et pour autant non dépourvue de relief, de surprises et de rebonds. Il faut dire que trois des musiciens se connaissent bien : Benjamin Moussay et Fabrice Moreau font partie du quartet depuis 2014 et ont déjà rencontré un franc succès. La chanteuse belge Lynn Cassiers, qui les a rejoints plus tard en remplacement d’Isabelle Sörling, a sans conteste trouvé sa place dans le groupe. Sa voix qui se marie harmonieusement avec la trompette d’Airelle Besson nous offre quelques somptueuses mélodies, mais aussi des patterns plus incisifs qui viennent ponctuer le propos avec justesse et précision.

Le concert se termine avec un morceau époustouflant, Angels Dance, qui se conclut par des notes scandées par les musiciens dans un ensemble parfait à la vitesse de l’éclair.

Notre enthousiasme de spectateur sera récompensé par deux  morceaux supplémentaires :

Dont la reprise du virevoltant Neige, cette fois-ci en duo trompette-piano : un délice ! Quant au deuxième, dont j’ignore le titre, il me fait penser à Tutu de Miles, et me donne envie de danser.  

Encore !!!

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