Une soirée exceptionnelle et inattendue, voilà ce que l’on pourrait dire de cette soirée où le blues a encore une fois fait l’union entre tous les acteurs : musiciens ; spectateurs ; organisateurs. Nous ne ferons pas une chronique pour chaque groupe, nous louperions l’essence même ce cette soirée, une communion. Quelques explications quand même, une soirée avec trois plateaux prévus au programme, avec pour commencer, dès 17h30 sur la terrasse ouest du château de Mécoras totalement reconditionnée avec trois immenses tentes berbères, le trio de Teddy Costa, apportait, dans une ambiance portée par trois cent cinquante personnes, les premières notes d’un blues où la moiteur des Jukes joints (maison à tonneaux) était en adéquation totale avec la moiteur ambiante pré orageuse.
A ne pas s’y méprendre, cette mise en bouche était un énorme plat de consistance, et le public était déjà conquis, la bière de Chanaz brassée exceptionnellement pour BatÔJazz, et la petite restauration ont rassuré les estomacs. Teddy Costa alias Jean Luc Roudge à l’harmonica et au chant, déjà venu sur le bateau et dans ce château avec les incroyables Only Cigar Box), donnait le tempo par un beat obsessionnel du Hill Coutry blues, suivi par ses inséparables compères, Yann Ravet à la guitare et Denis Bielsa à la batterie.
La foule totalement conquise se préparait à une suite copieuse à faire pâlir n’importe quel festival de blues.
Après le changement de plateau, c’est cette fois sur la grande scène qu’Arnaud Fradin and his roots combo (déjà invité sur le bateau en 2020) prenait la suite pour un moment de pur bonheur.
Ça groovait bien entre les murs du château et dans le public jusqu’au moment où trop d’eau sur la toile de scène, et sur les circuits électriques, a eu raison du concert, en raison des risques majeurs que les professionnels du son et de lumière et la direction du festival n’ont pas voulu courir.
Fini le blues ? Que nenni !
Après quelque temps de réflexion et malheureusement le départ d’une partie du public, les musiciens d’Arnaud Fradin et de Dawn Tyler Watson se sont retrouvés sur scène dans une improvisation acoustique incroyable pour donner un blues authentique, tel qu’il se chantait et jouait dans les rues et dans les bars, remplissant de chaleur les cœurs rafraichis par les éléments climatiques, et qui a plus que ravi les deux cents personnes qui ont eu la patience et le courage de braver cette pluie diluvienne, et d’attendre, ce moment de blues partagé en parfaite communion.
Merci Arnaud Fradin, guitare et voix ; Igor Pichon, contrebasse ; Thomas Troussier : harmonica ; Richard Housset : batterie. Et merci à Dawn Tyler Watson, au chant qui a mis sa voix en danger, pour couvrir le bruit de la pluie, qui faisait plus que des claquettes ; Ben Racine guitare ; Kaven Jalbert, saxophone ; Antoine Escalie, basse ; Matthieu Deborde clavier (qui n’a pas pu jouer) ; Pascal Delmas, batterie. Tous ensemble, vous avez non seulement sauvé cette soirée tempétueuse, mais surtout redonné à ces moments magiques toute la grandeur de l’âme du blues.
NdlR: Merci à Matthieu Scheidecker pour le prêt de ses photos.
