Depuis vingt ans le Festival « Rendez-vous de Rochebonne » propose en septembre un long week-end de musique en l’église de son château au cœur du Pays des Pierres Dorées à Theizé-en-Beaujolais. Sous l’impulsion de son Président et de son Directeur, Patrick Gabard et Hervé Billaut, violoncelliste et pianiste magnifiques, ce festival a une dimension vraiment humaine, et il est empreint d’une ambiance amicale portée par les nombreux et efficaces bénévoles. Ce sont des rendez-vous de musique classique de haut niveau, avec une ouverture au jazz…
C’est ainsi qu’en ce dimanche ont été donnés trois concerts radicalement différents : En premier lieu un concert-famille, la grande fantaisie zoologique de Camille Saint-Saëns : « le Carnaval des Animaux » fut l’occasion pour le récitant François Castang, bien connu des auditeurs de France Musique, de faire découvrir avec éloquence et justesse les savoureux textes que le facétieux Francis Blanche écrivit (longtemps après la mort de Saint-Saëns) comme un complément humoristique et poétique à l’œuvre. La qualité des interprètes a enchanté le public d’une église pleine à craquer, et captivé les enfants : de superbes pianistes, violonistes, violoncelliste, et autres cordes, percussions, bois, chacun étant malicieusement présenté aux enfants (et à tous) par François Castang avec des extraits musicaux. Citons Patrick Gabard et Hervé Billaut parmi le brillant bestiaire de ce concert, et aussi le jeune lyonnais Héliodore Perrot qui nous a véritablement régalés de son « Éléphant » très convaincant !
À la suite de ce beau moment, ce fut le concert du traditionnel pique-nique musical dominical, avec sur la scène le François de Larrard Jazz Trio. Nous connaissons surtout François au sein de son quartet de jazz Bronxtet (de Bron !) qui tourne depuis longtemps dans notre région… mais en creusant on découvre vite que – outre ce quartet et son « Jazz Trio » – il a aussi formé son propre septet : le « Jazztronomik », le duo « Bec & Ongles » avec le batteur Mathieu Bec, etc ? Et, on découvre aussi que François compose la majorité du répertoire de ses différents groupes…
Mais, ce n’est pas tout, François donne fréquemment des concerts de musique classique et baroque, au piano ou au clavecin, seul ou en chambriste… Avec son épouse Françoise, elle-même soprano et pianiste, ils invitent régulièrement des musiciens de tous bords aux concerts du « Brontosaure » (à Bron !) dans toutes sortes de configurations et programmes, l’occasion d’écouter François dans ses répertoires de prédilection de Couperin à Evans, en passant par Bach, Schubert et Shorter… Bref, François de Larrard est insatiable…
Venons-en à son concert du jour… Son « Jazz Trio » rassemble près de lui le contrebassiste Michel Colon et le batteur Olivier Serrus. Le répertoire du trio ce sont surtout les compositions de François, riches et variées, ambitieuses, dont les mélodies retiennent l’attention, des modulations intéressantes, des rythmiques précises et stimulantes, des formes et des couleurs actuelles, des titres évocateurs : Bleu Acier ; Hepterion à 7 temps ; Old Brandy… et quelques standards The Girl from Ipanema ; Stella by Starlight… Les trois musiciens servent toutes ces musiques avec rigueur, sobriété, une belle qualité d’ensemble et de son. Quant à François, c’est un improvisateur créatif et volubile, les idées et les propositions s’enchaînent prestement les unes aux autres, il prend des risques comme un « voltigeur du clavier » à qui tout réussit. Les mots de Martial Solal s’imposent : « de Larrard est un pianiste rare » ! Suivez François de Larrard et écoutez ses nombreux enregistrements ici : site de Larrard http://francoisdelarrard.chez-alice.fr/.
Enfin, après ce concert festif retour à l’église pour le récital de piano du merveilleux concertiste de renommée mondiale Alexandre Tharaud ! Je me permets quelques mots : les interprétations de Bach, Ravel, Dukas par Alexandre Tharaud m’ont littéralement enthousiasmé et bouleversé… là encore le public a été unanimement conquis… plusieurs rappels ont suivi dont son formidable arrangement du Padam d’Édith Piaf !
