Il est fréquent de voir, lors d’un concert, les musiciens échanger des regards, des clins d’œil complices, témoins d’une bonne entente. Ce soir, salle Olivier Messiaen à Grenoble, c’était quasiment la franche rigolade entre les musiciens du Fabio Gouvea Quartet.
Les trois Brésiliens semblaient particulièrement heureux de se retrouver, eux qui, jadis, ont vécu dans le même quartier de Rio de Janeiro, qu’ils ont quitté pour s’installer en Europe.
Fabio Gouvea, guitariste et compositeur émérite, nous entraîne directement au Brésil avec les sonorités caractéristiques et uniques de la musique brésilienne, ses rythmes de samba et de bossa.
Pour l’accompagner dans ce voyage, Marcel Bottaro au faux airs de Fidel Castro jeune, à la contrebasse, Zaza Desiderio à la batterie et Alfio Origlio au piano : rien que du beau monde !
L’ambiance est très décontractée. Les musiciens, comme une bande de copains, semblent se surprendre, se jauger, se tester, désireux d’approfondir la diversité de la musique brésilienne, leur source d’inspiration.
A Samba e Amor de Chico Buarque, comme la douceur d’une nuit brésilienne sur laquelle Alfio vient poser quelques arpèges, succède la samba Red Blues de Tom Jobim au swing gai et endiablé.
Une succession de tempos, de rythmes, jalonne ce concert. Le morceau d’Alfio Absyrations prend ici une autre couleur. Chacun prend sa place, toujours avec le sourire et le plaisir de jouer ensemble.
La dextérité maîtrisée et créative de Fabio et de Marcel triturant les cordes de leurs instruments est contrebalancée par la douceur de Zaza effleurant sa batterie de ses balais, avec cette élégance et cette singularité qui le caractérisent. Alfio, égal à lui-même, au jeu aérien et subtil.
Voyage au Brésil effectué dans la bonne humeur générale, même lorsque le tabouret de Zaza s’est affaissé et que, tel un lilliputien au pied d’une batterie géante, il a continué à jouer imperturbablement. Marcel a d’ailleurs filmé cette scène improbable avec son téléphone portable. Pour preuve, les photos de Sébastien Cholier, qui témoignent également que tous avaient la banane bien accrochée !
Il en fut de même pour le public.