Accrochez vos ceintures !
Après une soirée mémorable en mars 2023 en duo avec Céline Bonacina, Laurent Dehors était de retour samedi au Solar de Saint-Étienne. Cette fois, c’était en quintet pour « Un certain voyage ».
Pour où ? On n’en sait diablement rien, mais il paraît que seule compte la voie.
Alors, cheminons. Ce nouveau projet, une création 2024, il le partage avec quatre musiciens qui sont « une compression de son big band Tous Dehors ».
Sur le plateau, quatre orfèvres font feu de tous bois, cuivres et anches.
Ce sont Rose Dehors (rouennaise et d’une famille de musiciens, tiens tiens…) au trombone et à la sacqueboute. Puis Franck Vaillant, batteur autodidacte, ancien membre du groupe LO’JO et passé maître en microclimats rythmiques. Gabriel Gosse aussi, dont la guitare éclectique a notamment animé la cérémonie d’ouverture des jeux paralympiques, aux côtés de la chanteuse Luan Pommier. Matthew Bourne enfin, l’Anglais dont le piano, forcément, pleut des notes de talent.
Ces présentations faites, que s’est-il passé ?
Du pur Laurent Dehors. De l’excellent multi-anchiste, qui semble être le seul à battre le rythme les pieds croisés. Les titres interprétés ont les noms des escales où se poser et leur ressemblent. On entre en pays de Crevettes agiles, de Léger dérangement, de Polka, de Camion ou de Toi… On s’y marre souvent, dans ces hors-bords de l’étroit monde. Mais, c’est pourtant super sérieux, ce qu’ils font tous. La classe, ça se travaille, pour sûr. Et, si la soirée tourna régulièrement au cartoon, saupoudrée de clins d’œil aux rythmes de Salt Peanuts de Dizzy Gillespie, elle offrit surtout une luxuriante variété d’atmosphères.
Vous en connaissez beaucoup, des univers qui semblent se construire et se déconstruire en même temps, bourrés d’un groove synchrone et percutant ? Alors oui, vive l’échappée dans une jungle peuplée de serpents à clochettes et, entre deux branches, la trouée d’un espace sans fin. Vive le cœur dont on racle l’émotion cachée, entre le velours du trombone et la rugosité du sax baryton. Vive tous les contraires qui s’aiment tant et, dans la polka, vive la virée dans un cinéma muet, là où ce sont les notes qui écrivent les mots d’une romance délirante.
Bref, chez ces gens-là, monsieur, on pionce pas, monsieur, on pionce pas, on crée.