Intro originale. Charlotte Planchou s’affaire dans la mécanique d’une horloge à balancier et joue avec son carillon tout en sifflotant et en chantant une mélopée toute calme semblant provenir de loin grâce à une réverb’ bien réglée. Le duo présente le tout nouvel album « Le Carillon » sorti il y a deux jours. Ce craillon est celui de sa grand mère, une manière de lui rendre hommage.
Mark Priore vient poser quelques notes délicates.
Le public reste interdit devant une entame si étrange et onirique.
Une fois la séquence horlogère achevée, Charlotte se présente devant le micro de la scène et entame L’albatros de Baudelaire mis en musique par Léo Ferré. Interprétation poignante, une fois encore le public semble suspendu aux strophes égrenées avec conviction.
Suit un April in Paris « déstructuré » comme on dirait dans certains restaurants huppés et c’est là que l’on prend la mesure de la gourmandise qui va nous être servie. Une chanteuse atypique aux paroles disséquées, un talent remarquable qui sait jouer de sa voix comme d’un pinceau et un pianiste non moins talentueux qui profite d’une grande liberté et sans en abuser et nous délecte.
Arrive le deuxième standard My heart belongs to daddy. Petite explication, « daddy » signifie « souteneur », d’où la version légère et gouailleuse où Charlotte explore les notes aiguës sur un mode cabaret.
Encore une chanson qui ne figure pas sur l’album « Le Carillon » : Morna , chanson cap-verdienne qui illustre la langueur quasi pathologique de ces îles. La guitare de Charlotte accompagne la voix, le piano est tout en retenue.
La traversée de l’Atlantique se poursuit tout naturellement vers le Brésil pour une Samba della mia terra.
Un long solo de piano annonce le retour à Ferré avec le poème d’Aragon Est-ce ainsi que les hommes vivent ? Émotions garanties. Encore une fois, Charlotte nous démontre la palette de ses talents d’interprète et de chanteuse. Ça fout les poils ! Et derrière, le piano aussi s’emballe ! La salle est en apnée.
How happy the lover est un morceau du célèbre opéra « The King Arthur » de Henry Purcell. de nouveau un morceau de choix qui fait briller ces deux étoiles. Charlotte chante et joue sa scène. Quel éclectisme !
Fin de ce trop court set par Die Moritat von Mackie Messer de l’Opéra « Die Dreigroschenoper » (« L’Opéra de Quat’sous » de Bertolt Brecht & Kurt Weill) chantée en allemand s’il vous plait !
Rappel sur You’ve got a friend de Carole King qui achève de combler notre enthousiasme pour ce duo.
Charlotte Planchou: voix, guitare, horloge à balancier et carillon ; Mark Priore: piano