14/12/2024 – André Manoukian « Anouch » à l’Intervalle (Vaugneray)

14/12/2024 – André Manoukian « Anouch » à l’Intervalle (Vaugneray)

André Manoukian est indéniablement une star du PAF, touche à tout nonchalant, armé d’un bâton de pèlerin solide, il porte inlassablement la bonne parole. Et parler, il sait le faire avec une aisance certaine, ce soir, son public enthousiaste évidemment, était aussi venu pour cette performance-là, à l’écoute du professeur/conteur plein d’humour, qu’il aime être même si parfois il s’égare un peu… Mais, et c’est oublier le musicien encyclopédique qu’il est, c’est surtout pour sa musique originale que nous étions là et pour son dernier projet « Anouch» qu’il nous (re) présentait pour partie. C’est en mémoire de sa grand-mère qu’il nous dit avoir été une très forte femme qu’il a composé ce répertoire tout en délicatesses et en douceurs. Il pratique, comme d’autres assurément, l’art de la fusion des genres et des cultures pour bruler dans son creuset l’âme de l’Arménie de ses ancêtres et son amour du jazz avec ces mélodies qui nous semblent familières et qui manquent furieusement dans beaucoup des musiques contemporaines, tous genres et catégories confondus.

C’est avec son quintet qu’il nous propose une fois encore le privilège des voix qu’il affectionne ; tout d’abord avec les instruments qu’il a choisis et considérés comme étant naturellement proches de la voix humaine : le violoncelle de Guillaume Latil tout d’abord puis le célébrissime duduk joué par le maître Rostom Khachikian, ils donnent chacun et ensemble la couleur singulière de l’orchestre, tour à tour solistes puis « choristes ». Vieux complice de ses routes multiples, lui aussi touche à tout solide, puissant et cette fois ci sur la contrebasse, l’indispensable Gilles Coquard qui forme désormais une magnifique rythmique avec son fils Edouard Coquard à la batterie/percussion. André aura également composé sa play-list avec bonheur jusqu’à ses deux compositions en piano solo pour Anouch qui précèdent l’arrivée sur scène de Dafné Kritharas, chanteuse à la voix envoutante qu’il nous a fait connaitre. Et, même si elle mène une carrière personnelle, elle est, avec ces chansons-là, mise sur le devant des scènes qui n’auraient peut-être pas été les siennes et c’est un bonheur de sensibilité, de volupté un peu. Des partitions, ils n’ont certes plus besoin (sur la play-list il n’y a que les titres et la tonalité de base en rappel). Guillaume Latil et Gilles Coquard m’auront particulièrement impressionné par leur inventivité lors de leurs parties solistes qui bien souvent se suivent comme en témoignage de leur écoute mutuelle respectueuse.

De cette bienveillance, nous avons grand besoin en cette période particulièrement sombre et incertaine et pour ce Moyen Orient tourmenté qui nous inquiète tous, c’est peu dire…

P.S. il est toujours plaisant de dire, lorsque c’est le cas, que le sonorisateur avait la bonne oreille et l’éclairagiste l’œil coloré, sans ostentation, à l’écoute de la musique.

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