Agréable, tout simplement agréable et parfaitement plaisant. Ce sont les sensations que l’on ressent en écoutant le « swinging jazz » de ce trio.
Certes, les amateurs d’une musique plus fouillée, plus « moderne », plus nerveuse, plus technique et complexe, n’y trouvent probablement pas leur compte. Et pourtant, ces compositions vieilles maintenant de plus d’un demi-siècle sont un trésor de l’histoire du jazz, que les plus grandes légendes du genre ont interprété et revisité. Chaque titre, présenté par Jacques Schneck fait revivre tour à tour Ella Fitzgerald, Nat King Cole, Fats Waller, Chet Becker, Oscar Peterson et tant d’autres merveilleux et immortels artistes.
Mais qu’on ne s’y trompe pas : ce ne fut pas un concert « nostalgie » dans une ambiance « c’était mieux avant » et pas non plus une collection de pâles imitations. Non, le trio Three For Swing a su imprimer sa marque respectueuse sur ces trésors, les transformer sans les défigurer et nous les montrer sous un nouveau jour, avec souvent une note d’humour. Ce « trio de cordes », trois musiciens remarquables, complices et au jeu parfaitement rôdé, a fait onduler le public dès leur première gamme (Do Ré Mi Fa Sol Fa Mi Ré do !). La soirée une fois lancée, s’est poursuivie ainsi jusqu’à la fin, amenant même quelques spectateurs à danser au fond de la salle, pourtant comble.
Tout cela était simple et fluide en apparence, mais qu’on ne s’y trompe pas, seuls de grands musiciens tels que Jacques Schneck, Christophe Davot et Laurent Vanhee peuvent donner cette impression d’évidence et de facilité.
Un peu comme le faisait Basie, Jacques Schneck sait placer LA bonne note au bon moment, l’accord qui ravit par sa « surprenante évidence », et un phrasé retenu et plaisant. Pas d’effets artificiels ici, juste un piano délicat et subtil comme dans le très beau chorus sur Honey Suckle Rose. Mais Jacques sait aussi se faire discret lorsqu’il le faut, laissant toute leur place à ses compagnons.
Laurent Vanhee à la contrebasse assure impeccablement sa ligne de basse, « colonne vertébrale » rythmique, essentielle dans un tel trio, mais il nous offre de temps à autre de très beaux chorus, comme notamment dans You Stepped Out Of A Dream.
L’un et l’autre entourent et soutiennent magnifiquement Christophe Davot, à la voix à la fois sensuelle et puissante, comme dans You’re a Heavenly Thing ou Someone to Watch Over Me entre autres. Cet homme orchestre (il siffle aussi à l’occasion !) nous a régalés de superbes chorus à la guitare grâce à une technique sans faille. Une constante chez Christophe, l’humour des citations dont il parsème ses interventions. Tout à tour on a pu saisir un C’est Mon Homme de Piaf caché dans le Besame Mucho (traité « jazzy » de surcroit), puis quelques notes de Borodine, en passant par un Que Reste-t-il de Nos Amours glissé dans Little Girl, comme un message clinc d’œil…
Rendons hommage une fois encore au Jazz Club de Grenoble dont la programmation, remarquablement éclectique et « œcuménique », permet à son fidèle public de goûter les plaisirs que procure le jazz dans toute sa merveilleuse diversité.