24/01/2025 – Skokiaan Brass Band à La Ferme à Jazz

24/01/2025 – Skokiaan Brass Band à La Ferme à Jazz

La bande brassante

Fort de son dernier album « Skoki Mama » et puisant aussi dans son précédent « French Touch », le brass-band lyonnais réunissant dix pupitres autour de la chanteuse Lisa Caldognetto reprend la route pour une belle tournée des scènes régionales qui débutait vendredi au club burgien. Avec son répertoire qui marie judicieusement musique new-orleans et rythmes afros, le Skokiaan Brass Band n’a eu aucun mal à embarquer dans sa joyeuse frénésie une salle comble et conquise.

 Après quelques concerts donnés depuis fin novembre et la sortie de leur  nouvel album «Skoki Mama» (voir ici), le tonitruant Skokiaan Brass Band reprend la route en ce début d’année pour une belle tournée maillant de nombreuses scènes de Rhône-Alpes jusqu’à l’automne. Une reprise en fanfare, c’est le cas de le dire, qui débutait vendredi à la Ferme à Jazz de Bourg-en-Bresse où son président Jean-Louis Tissot avait vu juste, puisque ceux qui n’avaient pas réservé ont peiné à trouver place dans une salle totalement bondée. Sans doute l’envie de passer un moment assurément joyeux, festif et chaleureux en ces temps hivernaux, pour se laisser embarquer sous les latitudes à la fois louisianaises et africaines que fréquente cette sympathique bande brassante, tentet masculin combinant cuivres et éléments percussifs autour de la chanteuse Lisa Caldognetto. L’ex Glossy Sisters assure en effet, la voix lead de ce répertoire qui en studio a fait appel à de nombreux invités, parmi lesquels on retrouve également ses consœurs Sabine Kouli et Cynthia Abraham.

De nouveaux titres enregistrés entre France ; Nouvelle-Orléans ; Bénin et Ghana, sous la houlette du réputé producteur américain Scott Billington (Dirty Dozen, Soul Rebels…) qui reflètent parfaitement  l’esprit et l’originalité du brass-band lyonnais, inspiré des formations New-Orleans mais qui mixe à la fois jazz ; soul ; funk ; rythmes afro-caribéens ;high-life et afrobeat.

Comme sur le disque, c’est la courte virgule instrumentale de Sunrise qui sert de générique d’intro et met en avant la trompette de son compositeur Vincent Stéphan, avant que Lisa Caldognetto mette déjà le public à contribution pour Mama. L’ambiance est donnée, festive et très rythmée, à l’image de Rugulator -du nom d’une calebasse utilisée dans les rites vaudous de la Nouvelle-Orléans- soutenu par le trombone du très funky Jean Crozat tandis que ses camarades esquissent un mouvement de danse en ligne. La joie partagée, c’est aussi le très percussif Let your mind free où les frappeurs sont épaulés par les mains des spectateurs et leur réponse au refrain sur ce titre parmi les plus anciens du groupe mais que le leader François Rigaldiès (sax ténor) ici au chant aime garder au répertoire en appelant le public à se libérer l’esprit.

On revient ensuite à deux titres du dernier opus, d’abord Delta Bound où Lisa bluesy et sensuelle se fait crooneuse, tandis que Christophe Métra lâche un solo à la trompette bouchée, puis le long Skokiaan / Back to Africa, inspiré d’une vieille chanson d’Afrique du Sud ramenée aux États-Unis et popularisée par Louis Armstrong, un titre on l’aura compris plus afro et qui par certains aspects peut rappeler les couleurs d’un Manu Dibango.

Comme il est souvent de coutume dans les brass-bands et autres big-bands, chaque pupitre connaît sa mise en avant. Ainsi de Fred Gardette qui vient faire ronfler son sax baryton en front-line sur le groovy Chickie Wah Wah, du nom du club louisianais où ce titre a été enregistré par Scott Billington, et qui vient clore ce premier set de quarante minutes.

 

De la Louisiane à l’Afrique, en passant par Paris…

A la reprise, c’est un florilège cette fois de chansons françaises que le Skokiaan Brass Band nous offre, enchaînant tour à tour une version joliment arrangée de J’ai deux Amours qui illumine les visages des auditeurs, puis On n’est pas là pour se faire engueuler le « tube » de Boris Vian, avant Couleur Café de Gainsbourg où c’est  Pierre Baldy-Moulinier qui prend la main au trombone. Des titres issus de leur précédent album bien nommé « French Touch » où figure également Philly écrit par Vincent Stéphan, mais où c’est Félicien Bouchot qui fait ici briller sa trompette.

Un Vincent Stéphan qui réserve son solo à une autre de ses compos et parmi nos préférées du répertoire, ce Méno Essomé dont la couleur a été teintée en studio par la présence de l’Harmony Brass Band du Bénin, un titre avec un gimmick super accrocheur quelque part entre afrobeat et générique seventies tendance Brésil. Si l’on est moins fan de la reprise du tube pop-jazz This Love d’Adam Levine, on préfère le swing endiablé de Brotherhood écrit par le sousaphoniste Christophe Garaboux qui vient clore ce second set.

L’ambiance est à son comble  tandis que le public – qui jusqu’ici participait en restant sagement assis- est invité à ranger toutes les chaises pour laisser place à une vaste piste de danse pour se lâcher sur les deux rappels particulièrement énergiques. D’abord avec Black Bird, suivi d’un grand classique de la Nouvelle -Orléans, ce Liza Jane où justement le sousaphone remplace la basse, allant même jusqu’à simuler du scratch de hip-hop. Les percussions de Philippe Bostvironnois et de Christophe Durand tiennent le rythme sur lequel François Rigaldiès dépose un solo, auquel répondra son homologue Fred Gardette, mettant fin à ce second set de trois-quarts d’heure.

Premier concert de l’année 2025 pour la Ferme à Jazz, comme pour le groupe qui repart sur la route, mais aussi pour votre serviteur qui retrouvait la scène burgienne si longtemps fréquentée, voilà une soirée de pleine réussite et des plus revigorantes pour entamer la suite avec les batteries chargées à bloc.

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