
Voyage improvisé dans les seventies au Périscope !
On s’y attendait un peu, nous avons été servis.
Ambiance « retour vers le futur » ce soir au Périscope ! Le trio emmené par le trompettiste-bugliste Aymeric Avice a embarqué le public pour un voyage sonore explosif, direction les années 70, époque bénie ou honnie, c’est selon, de l’improvisation et du free jazz. A la différence près que l’électronique y était encore balbutiante.
Imaginez la scène : Avice, entouré de pédales d’effets et de micros, jonglant entre trompette et bugle, parfois même les deux en simultané (ce qui est plutôt rare vu les différences des embouchures. Un collègue me rappelait que Clark Terry le faisait) !À ses côtés, le contrebassiste Luke Stewart, longiligne et concentré, tissant une toile sonore dense et subtile. Et pour couronner le tout, le fabuleux batteur-percussionniste Ramon Lopez*, un véritable feu follet, faisant parler la peau et le métal avec une concentration palpable.
Pas de pupitre, pas de partitions, évidemment. Le concert sera un long set d’improvisations où le soufflant donne les directions jouant de tous les effets disponibles à la trompette et au bugle.
Le public est connaisseur et amateur. On retrouve dans la salle du Périscope de nombreuses têtes connues venues pour retrouver cette musique désormais trop rare sur nos scènes … mais réservée à des oreilles aguerries.
Avice nous propose un catalogue de sa technique ébouriffante, des sons les plus cristallins aux textures les plus abrasives. Stewart n’est pas en reste et répond avec une inventivité et une précision remarquables. Et surtout Lopez qui manifeste son contentement par des grognements sympathiques. il ne joue pas de la batterie il en peint, construisant des univers sonores toujours variables, aux baguettes, aux balais, à la main, toujours à propos.
Une belle soirée qui prouve que le free jazz a encore de beaux jours devant lui !
*: J’avais eu eu la chance de découvrir ce batteur perciussionniste impressioniste en 2012 au regretté A Vaulx Jazz dans le trio du magicien Agusti Fernandez aux côtés du contrebassiste Barry Guy. Un souvenir indélébile. Quel plaisir que de le retrouver à chacune de ses apparitions (je vous recommande l’écoute du morceau La niña de la calle Ibiza de l’album Morning Glory).