13/03/2025 – Mihaï Pîrvan « Rom sucar » à Ça Jazze Fort à Francheville

13/03/2025 – Mihaï Pîrvan « Rom sucar » à Ça Jazze Fort à Francheville

Une fois de plus, la salle Barbara de l’Iris refuse du public ce soir pour assister au concert de Mihaï Pîrvan et son groupe Rom Sucar. Alain mercier, le président, nous présente Mihaï Pîrvan qu’il a rencontré avec Martine, sa femme, lors de concerts où il officiait auprès d’Ibrahim Maalouf comme saxophoniste. Il n’a eu de cesse de vouloir le programmer avec son groupe pour ravir les oreilles du public de Francheville.

Le groupe de sept musiciens sera familial et amical puisque seuls la contrebasse d’Olivier Lecointre, les percussions de Dogan Poyraz et le cymbalum de Mihaï Trestian ne sont pas de sa propre famille.

Mihaï s’empare de son sax, entame son concert doucement… Il nous salue, rappelle leurs origines tsiganes : « On n’a pas beaucoup parlé de nous… Mais nous on sait qui a été concentré, exterminé, numéroté, tatoué et on sait ce qui reste de nous. Cela fait des siècles qu’on continue de vivre enfermés, renfermés… et on est heureux, même si on ne parle pas de nous… Nous sommes les « miettes » de ce qui reste de nous et on va vous le raconter ! »

Le concert est lancé, au calme et au velouté du sax s’associent, entraîné par le tambourin actionné au pied par le percussionniste en permanence assis sur son cajon, l’accordéon, la contrebasse et le cymbalum. « On est là pour partager le bonheur, nous sommes tsiganes roumains ! » La musique tsigane est improvisée, mais tellement fusionnelle, Barbu Mugurel l’accordéoniste, son Papa, sa Maman Camélia Pîrvan et sa sœur Popa Mona-Lisa se partagent l’enthousiasme du groupe.

Une composition de Mihaï sera le début de la fusion avec un public très réceptif ce soir, il sera durant tout le concert le chef d’orchestre des applaudissements en cadence. Le morceau suivant, après la fin du précédent qui se calma après une musique endiablée, nous emmènera en musique dans son village natal, il évoque son grand-père qui a joué dans le groupe Taraf de Haïdouks, en profite pour quitter sa veste et nous laisse admirer une magnifique chemise chatoyante rouge fleurie. La fin du morceau est rapide.

Sa mère Camélia arrive avec son ensemble noir à volants, long, imprimé… Le contrebassiste utilise son archet pour introduire son chant. Il pose ensuite l‘archet pour redonner le rythme de plus en plus entraînant, Mihaï alterne chant et sax, il accompagne le chant maternel, il nous fait chanter, Sidonie éclaire alors la salle. Le morceau s’étire…

Le suivant est rapide, gai, communicatif, le public chante, le cajon et la derbouka s’activent, toujours aidés par le tambourin actionné au pied et nous apprécions énormément un long solo de cymbalum où le musicien utilise ses petites mailloches recouvertes de coton et ses doigts pour donner toute l’étendue de son talent sur la centaine de cordes métalliques de cette sorte de cithare.

Arrive alors Mona-Lisa, la sœur de Mihaï, qui est parée d’une longue jupe noire à grosses fleurs rouges, un châle noir noué à la taille, un chemisier noir sous ses longs cheveux noirs, de grandes créoles dorées et des chaussures également dorées finissant d’installer le charme souligné par l’archet de la contrebasse. Mère et fille entament Edelerzi , hymne typique de la musique tsigane.

Le rythme revient, ponctué par la contrebasse sans archet, les percussions… Son père à l’accordéon, Mona-Lisa ondule, Mihaï parle, le groupe joue une ronde de leur village, à trente kilomètres de Bucarest, le père et le fils jouent sans sonorisation cette ritournelle typique. Une nouvelle danse nous est proposée, rythmée par le cajon, la derbouka, le tambourin, le père vient danser avec sa fille et sa femme.

Mona-Lisa chante avec les musiciens, danse. Camélia revient chanter tandis que Mona-Lisa se retire. Son chant envoûtant captive véritablement le public. Un long solo de cymbalum, puis un long solo de Mihaï soutenu par la contrebasse et l’accordéon discrets nous emmène vers un nouveau chant de Camélia, avec le soutien du sax jazzy, un solo de contrebasse se poursuit tandis que Mihaï donne le tempo.

Le salut final intervient après la présentation des musiciens. Ils reviennent pour nous enchanter avec « une orientale » tous les sept.

Comment se séparer après un concert de deux heures, deux heures de communion avec ces musiciens talentueux et généreux ? La soirée a été parfaite, l’ambiance exceptionnelle,les lumières de Sidonie, encadrant la lumière fixe sur le cymbalum pour sa vision des cordes, ont rythmé de façon colorée, adaptée, dynamique la prestation du groupe de Mihaï Pîrvan… Rom Sucar est la définition parfaite de ce moment, le terme « sucar » étant pour les Roms la notion de la beauté, de belle personne.

Ça Jazze Fort à Francheville a, encore une fois, choisi de nous faire partager la magie, la beauté et l’amour du spectacle vivant. Les bouquets offerts aux chanteuses, le salut des bénévoles au pied de la scène : on sait recevoir à l’Iris ! Merci à eux et rendez-vous au 5 juin pour les derniers concerts de la saison !

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