
Le concert de ce soir se déroule dans le cadre du partenariat depuis quatre ans entre l’Opéra de Vichy et Jazz dans le Bocage. Jean-Luc Maronne présente la programmation de l’édition 2025 du festival. Le Centre Culturel de Vichy date de 1929, connu à cette époque sous le nom de « Petit Casino » ; c’était déjà un lieu de spectacles très prisé des Vichyssois. Karim Boulhaya, président adjoint du centre culturel de Vichy, quant à lui, nous souhaite une belle soirée aux côtés de Dominique Fils-Aimé, auteure-compositrice-interprète canadienne.
L’entrée des musiciens se fait dans l’ombre, qui va d’ailleurs planer sur eux toute la soirée. Dominique Fils-Aimé se positionne en tailleur à l’avant de la scène, un peu en hauteur. Présence, calme et beauté émanent de sa personne.
Elle n’hésite pas à débuter a cappella de sa voix envoûtante, son looper comme seul instrument qu’elle utilisera subtilement tout au long du concert. Ses mains et ses longs doigts ondulent avec grâce tout en suivant son chant. Harvey Bien- Aimée juste en frappant sur sa calebasse, la rejoint ainsi que la guitare, par petites touches délicates, puis le clavier et la basse.
Après des applaudissements chaleureux d’un public déjà conquis, Dominique présente dès le début ses musiciens, car elle estime que lorsqu’on rencontre quelqu’un, on ne se présente pas au moment de se quitter. Elle nous propose de s’ancrer dans notre siège, d’oublier tous les tracas quotidiens et de nous laisser transporter par les émotions, les pensées, les fréquences. L’amour, l’empathie la représentent et elle ferme très souvent les yeux pour mieux vivre sa musique.
L’embarquement est imminent, laissons notre imaginaire faire le reste. Les morceaux vont s’enchaîner sans pause, parfois articulés par sa voix calme et profonde qui nous brosse un nouveau tableau (jardin, vagues sur l’océan, une rivière qui va se jeter dans la mer, l’amour décrit comme septième élément si puissant, la liberté, l’insouciance d’un enfant).
Etienne Miousse à la guitare, toujours présent, prêt à répondre à la voix, à faire les chœurs ou à improviser tout en chantant chaque note de son chorus dans le micro. Pas d’hésitation, les musiciens sont bien présents malgré leur quasi-invisibilité, la lumière restant centrée sur Dominique.
A la basse électrique ou parfois clavier, Danny Trudeau est terriblement efficace, il entame le morceau Sur les rivières avec une belle improvisation écoutée religieusement par ses acolytes, il danse sur les rythmes chaloupés de certains morceaux et chante également.
Au clavier David Osei-Afrifa n’est pas en reste et ne s’arrête pas un instant, toujours à l’écoute de la chanteuse et prêt à des échanges très riches clavier/voix ainsi que de très beaux chorus.
Et, pour soutenir tout ce beau monde Harvey jongle entre calebasse, petites percussions et batterie d’une main de maître, entre rythmes chaloupés, binaires ou ternaires, rapides ou plus ballade, avec finesse et puissance suivant le cas.
Je n’ai guère évoqué la voix de Dominique qui peut être vraiment grave, parfois légèrement éraillée ou bien monter dans les aigus avec une puissance incroyable. Elle n’hésite pas lors de petites pauses à applaudir ses musiciens, vit sa musique à fond et la partage avec amour et joie au public. Elle a une très grande sensibilité qu’elle met au service de la musique et personne ne peut y être indifférent.
Une belle soirée qui laisse augurer une bonne cuvée 2025 de Jazz dans le Bocage.