22/03/2025 – Caja Negra au Voiron Jazz Festival

22/03/2025 – Caja Negra au Voiron Jazz Festival

Une fois de plus, le SAV de Jazz-Rhone-Alpes.com assure sa surveillance. Cette Caja Negra là fête ses seize ans, déjà, et ne prends pas une ride, sans doute parce que Pierre Bertrand ne cesse de remettre la braise sur le feu, il ne peut se tenir ce gaillard-là. Son unique difficulté étant de réunir ses troupes car il est bien évident que compte tenu de la complexité de son écriture et de son exigence, on est bien loin du quatre temps traditionnel et les harmonies ne sont pas celles du Real Book de base, il a dû choisir ses compagnons de route qui ne sont pas facilement interchangeables et qui sont par ailleurs fortement sollicités également.

Au piano Alfio Origlio, il est très certainement le plus fidèle complice de l’arrangeur / compositeur et il est ici en voisin, Christophe Wallemme jouera ce soir la contrebasse et c’est avec Edouard Coquard, appelé en urgence car el señor Minino Garay a un grand retard de transport, que le set de batterie sera joué.

La « boîte noire » est à géométrie très variable, voire adaptable en passant du quartet au big band d’une bonne quinzaine de têtes comme pour ces concerts d’été pour lesquels les invités de marque ont été Randy Brecker puis Bob Mintzer, excusez du peu, c’est en sextet qu’elle se présente sur la scène du festival. Evidemment le Boss se charge des saxophones et de la flûte et par bonheur nous avons la présence et les voix définitivement émotionnelles de Paloma Pradal et de Sabrina Romero.

Le répertoire sera choisi ce soir parmi les projets de relecture de la « Far East Suite » de Duke Ellington et de « Colors », l’autre quintet de Pierre Bertrand, thèmes qu’il aura mis à sa « spanish fantasy » évidemment. Oui définitivement, il ne peut se tenir à ses premiers arrangements et chaque concert est une nouveauté. Comme visiblement ils n’ont pas tout convenu, c’est dans l’instant que tout se décide et notamment pour les introductions et les soli : Alfio Origlio est systématiquement mis à contribution pour envelopper tour à tour Paloma puis Sabrina, leur complicité est palpable ; avec Pierre, ils se partageront les soli et rivaliseront d’inventivité mêlant sensibilités et délicatesses jusqu’à des explosions bouillonnantes maitrisées. Cette musique complexe qui se délecte des standards hispaniques qui ne nous sont pas si familiers et de ses codes, l’arrangeur les a transgressés. Nous savons que le flamenco désigne à la fois une danse et une musique qui vont l’une avec l’autre mais pas nécessairement, qu’il est tout comme le blues et le tango, l’expression de tragédies, de souffrances, mais aussi l’expression amoureuse de désirs puissants, ils nous l’offriront avec une aisance déconcertante. Moment évidemment sensible et tendre lorsque Paloma nous chante Pas sans Toi que Pierre lui a composé.

Minino arrive enfin et se joint au gang en partageant la batterie d’Edouard ou en empruntant le cajon de Sabrina et c’est pour le dernier morceau qu’elle monte sur les planches pour nous donner sa dance, son solo s’articule comme ceux de ses vocalises, le démarrage est doux, long, lent, s’intensifie et explose enfin, enflammé.

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