17/04/2025 – Trio Chien-Lune au Jazz Club de Grenoble

17/04/2025 – Trio Chien-Lune au Jazz Club de Grenoble

Chien Lune est la traduction de Moondog

Moondog est le nom sous lequel est connu le musicien compositeur américain Louis Thomas Hardin, qu’il choisit en l’honneur d’un chien « qui hurlait à la lune bien plus que tous les chiens que je connaissais » !

Personnage haut en couleurs, vêtu d’une robe de bure et d’un casque en cuir avec des cornes de buffle, « le Viking de la 6ème avenue » [NdlR: devenu aveugle à l’âge de dix ans] est l’inventeur d’une musique particulièrement originale puisant ses sources dans la culture amérindienne, qu’il visita avec son père pasteur dans son enfance ; la musique classique avec sa mère, professeure de piano et le jazz dont il fut le contemporain.

Pour servir ce musicien iconoclaste, il en fallait trois autres tout aussi iconoclastes issus du collectif grenoblois La Forge, espace de création s’il en est.

Pascal Berne, aventureux contrebassiste-compositeur-arrangeur, est accompagné de Elvire Jouve, délicate batteuse également aux manettes d’un synthé et d’un métallophone, et sous son bonnet rouge en mode commandant Cousteau, de Damien Sabatier aux trois saxophones baryton, alto et sopranino, shruti, multiples flûtes, sifflets et autres accessoires.

Bref, du beau monde, pour redonner vie à l’œuvre à la fois technique, contraignante et farfelue de ce musicien inclassable.

Le trio donne toute sa mesure à l’originalité de cette musique envoûtante, répétitive qui nous entraîne, dans des histoires joyeuses et délirantes.

Damien, donne de sa personne, bouchant ses saxophones avec le genou ou jouant avec deux à la fois, agitant clochettes diverses, guimbarde, activant le shruti avec le pied, caquetant se contorsionnant. Le spectacle est dans la salle !

Elvire si gracile, oscille entre fragilité et énergie, son jeu est subtil et assuré. C’est un véritable plaisir de la voir s’exprimer si finement avec sa batterie.

Les hommages à Charly Parker, Bird’s Lament et Single foot, foisonnent de notes, quand Pastoral, composition de Pascal, apporte de la douceur, notamment avec le métallophone au son cristallin.

L’hommage à Jean-Sébastien Bach étonne, mais plairait sûrement au Maître, tant l’inventivité et la frénésie était au rendez-vous.  

Avec Chien Lune, tout est possible, tous les modes d’expression sont exploités avec délectation dans un délire de notes et de joie contagieux que ne renierait pas Moondog.

Grand merci au talentueux Capitaine Pascal Berne et son équipage, de nous avoir entraînés dans ce voyage musical baroque à souhait, que le public a unanimement apprécié et applaudi.

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