Comme bien souvent, le caveau de La Clef de Voûte a fait le plein pour écouter un invité de marque, l’un des saxophonistes ténor les plus flamboyants si l’on en croit la présentation faite par le patron des lieux, Stéphane Vincenza. Il ne s’agit de rien moins que David Sauzay, régional de l’étape, mais dont la renommée va bien au-delà de nos frontières.
Avant de commencer à jouer, il nous rappelle que ce club est dédié à la musique qu’ils aiment, c’est-à-dire le jazz américain des années 40 à 60 que l’on associe au hard bop.
Dès le premier morceau The Opener le ton est donné, foin de la morosité et de l’intellectualisme trop souvent associé au jazz comme nous le rappelle Stéphane très volubile et didactique. Que du bon qui swingue sévère. Le public ne tarde pas à battre la mesure. Les trois soufflants, Héliodore Perrot au trombone et Cléobule Perrot à la trompette et David s’engagent dans des chorus brillants, histoire de montrer de quel cuivre ils se chauffent. Stéphane envoie du pâté.
Cédric Perrot et Patrick Maradan respectivement à la batterie et à la contrebasse, assurent et tiennent la baraque.
Avec A New Time, les six musiciens envoient de nouveau un gros son très « dark » comme le qualifie Stéphane. Difficile de croire que ces six-là n’ont repeté que quelques minutes en fin d’après-midi.
Avec Stolen Moments un blues somptueux et poétique d’Oliver Nelson le sextet calme le jeu.
Pour le morceau suivant Right down front de Johnny Griffin le public est mis à contribution pour l’entame en gardant le rythme aux applaudissements. C’est souvent délicat avec le public français. Mais, ce soir, avec l’aide des musiciens, ça le fait. Le morceau est entraînant et le public est chaud bouillant.
Le premier set s’achève avec Nutville (la ville des fous) d’Horace Silver. Encore un morceau vif qui autorise des chorus hardis de part et d’autre.
Après la pause réglementaire, le club est toujours aussi plein, c’est bon signe. La musique reprend avec un One by One de Wayne Shorter très up qui permet au batteur de bien se lâcher.
Changement de registre avec un morceau étonnant Circus des Jazz Messengers (une formation très appréciée à La Clef de Voûte)
Les unissons des soufflants sont étonnants. David Sauzay nous montre qu’il est le boss ce soir. Pour le plus grand bonheur de ses comparses et de nos oreilles.
Arrive le moment de la ballade du set et cela sera Skylark de Carmichael sur un arrangement de Wayne Shorter. Cléobule prend le lead, concentré, les yeux fermés.Une jolie démonstration de son art en dépit de son jeune âge. Il est congratulé par des acolytes.
Le thème Ping pong d’Art Blakey est nommé ainsi à cause de l’usage des rimshots qui évoquent le bruit d’une balle de tennis de table frappée à vive allure. Cédric nous en fait une brillante démonstration.
Le dernier morceau sera New York Attitude de Kenny Barron. Un truc qui va très vite histoire de finir en beauté. Cédric est à la manœuvre et imprime un rythme d’enfer. Les soufflants suivent et en rigolent.
Le public et les musiciens sont ravis de cette soirée de partage.
