Pour sa deuxième soirée, le Voiron Jazz Festival recevait rien moins que Steve Coleman et ses fidèles compagnons de routes depuis plus de vingt ans, les Five Eléments. La veille Matthieu Fattalini, directeur du festival, nous confiait tout le bonheur qu’il avait de recevoir l’un de ses héros.
Steve Coleman est un musicien qui fait déjà partie de l’histoire du jazz, avec son style unique, fusion du jazz, du funk et du hip-hop qui a influencé un grand nombre de groupes actuels et fait de lui un musicien incontournable.
Chapeau bas à l’équipe du festival de Voiron d’avoir programmé un artiste de cette envergure au milieu de ses quelques dates sur sa tournée européenne. La programmation est aux anges de voir la Salle des fêtes de Voiron à guichet fermé pour cette occasion, plus de trois cents personnes dans la salle : Un joli coup et un succès à la clé !!!
Le groupe arrive sur scène, Steve Coleman les rejoint rapidement, sans un mot. Quelques notes pour le line check et Il commence à jouer, seul a cadenza : un son pur et chaud, très mélodieux et harmonieux avec un joli vibrato.
Plusieurs minutes passent, le public est à l’écoute.
Les musiciens le rejoignent et la musique commence à groover.
Quelques instants plus tard, Steve Coleman reprend a cadenza, un moment suspendu, une sublime complainte.
Entre deux phrases, un enfant pleure dans la salle, un caprice. Steve s’interrompt, sourit et il l’imite de quelques notes espiègles, le public conquis souris et applaudit. Il continue son solo.
La rythmique attaque des thèmes répétitifs et lancinants. Avec des alternances de syncopes, de métriques irrégulières comme Steve Coleman les affectionne le tout paré de funk raide. Le couple basse-batterie est la colonne vertébrale de la musique de Steve Coleman tout au long de cette soirée. Une musique plus rythmique que mélodique hormis ces quelques interludes a cadenza au saxophone.
Le sax et la trompette improvisent chacun leur tour, puis entonnent quelques séquences à deux vents sur des gammes lancinantes elles aussi, pendant que la basse attaque un solo endiablé.
Le sax alto s’envole à nouveau pour un solo a cadenza : mélodieux et très harmonieux, les aigues et les suraiguës sont superbes.
La rythmique et les thèmes répétitifs reprennent, le sax s’envole et se joue du public.
Le public est conquis.
Apparemment un peu gêné par une légère fumée sur scène, Steve Coleman, taquin, glisse quelques notes de Smoke Gets In Your Eyes immortalisée par les Platters (en fait cette chanson a été enregistrée en 1933 par Gertrude Niesen) au milieu d’un thème. Un joli clin d’œil.
Les thèmes déstructurés et lancinants reprennent pour le reste du concert, Ils s’enchaînent tous différents, plus ou moins rapides, presque entêtants.
Le concert termine avec une rythmique africaine cette fois, soutenus par des petites percussions, Steve incantant des chants qui nous font traverser l’atlantique pour un voyage sur les terres africaines, un morceau très long, comme une transe, embarquant une grande partie du public dans cette salle surchauffée.
Au bout d’une heure quarante-cinq de concert, Steve Coleman, s’avance au micro, dit enfin quelques mots pour remercier et dire au revoir au public, très souriant et chaleureux et il quitte la scène.
La salle applaudit à tout va et exige un rappel, le quartet s’exécute. La rythmique et les thèmes répétitifs reprennent de manière très rapide et accompagnent des solos envolés alternatifs entre le sax et la trompette qui se répondent.
Steve Coleman reprend le micro pour remercier le festival et le public et il quitte la scène.
La soirée se termine par une séance de dédicace et d’échange avec l’artiste dans l’entrée de la salle des fêtes.
Avec
Steve Coleman (Saxophone alto, chant, percussions) Jonathan Finlayson (Trompette, percussions), Rich Brown (Basse), Sean Rickman (Batterie