L’association Canal Jazz présente pour la troisième année son festival « Jazz en Avril » avec pour but de proposer un temps fort autour du jazz avec une programmation de qualité, accessible au plus grand nombre lors d’un moment convivial. Le Théo Ceccaldi Quintet ouvre cet évènement au théâtre de Roanne devant un public bien présent, entouré de musiciens de sa génération.
D’entrée nous sommes plongés au cœur d’une ambiance très orientale, voire éthiopienne, et pour cause, ce morceau Addis est un hommage à Addis-Abeba. Théo Ceccaldi commence seul, ses doigts courant sur les cordes de son violon amènent petit à petit le rythme, rejoint par Robinson Khoury au trombone en réponse à la voix de la harpiste Laura Perrudin. Nous voyageons en plein désert, les sons enflent, se mêlent, Robinson improvise sur son trombone qui se transforme presque en trompette suivi par une improvisation entre violon, clavier et harpe sur laquelle les doigts d’une souplesse de ballerine s’articulent sur les cordes. Le ton est donné. Nous plongeons dans un univers musical hors norme, basé sur beaucoup d’écoute, de recherche de sons sur chaque instrument et de voix, beaucoup de réverb et d’énergie et surtout de larges plages d’improvisation.
L’orient est toujours de mise sur cette ballade Enat amené sur un tapis de velours par Robinson accompagné par Théo au violon et Laura à la voix. Chaque musicien trouve sa place jusqu’à une sensation de décadence du monde ; chacun rajoute une formule rythmique et Laura met en place des claves sur sa harpe.
Game over composé par Laura sur lequel elle déclame un long texte en anglais soutenu tout d’abord par Julien Loutelier à la batterie puis par le violon, le trombone et le clavier sur une musique très syncopée.
A nouveau une composition de Théo, Test 1, sur lequel la harpe prend une ampleur de synthétiseur, des notes tenues au violon et au trombone et une maestria rythmique à la batterie par Julien tenant à la fois baguettes et maracas dans ses mains. Nous sommes dans le monde de la techno, lumière stroboscopique à l’appui et divagations rythmiques et mélodiques de chacun, Laura frappant le pied de sa harpe électrique avec une baguette.
Le calme revient avec un duo violon harpe et chant très poétique, Well they lied, écrit par Laura.
Beaucoup de basses sur Birth of Noham, composition de Robinson, avec une grosse caisse puissante et très présente, des grincements d’archet et une litanie à deux sons entre les voix de Robinson et Laura soutenus par les sons particuliers aux claviers d’Auxane Cartigny qui, si je n’en ai guère parlé jusque là, est toujours très à l’écoute et accompagne chaque ambiance à la perfection. Nous enchaînons avec Test 2 écrit vous l’aurez deviné par Théo, sur un rythme ternaire, amené par des triades à la harpe bientôt repris par le clavier, effets de réverbération au trombone avec sourdine, légèreté à la batterie, mais l’ambiance change dans un crescendo d’enfer nous perdant quant à qui fait quoi.
Nous revenons au calme avec Zeus dans une ambiance entre science fiction et orgues d’église aux claviers, violon, trombone et chant en homorythmie. Julien entre en jeu sur un rythme complexe et rapide toujours aussi impressionnant de dextérité, volant sur ses toms cymbales et autres percussions. Théo nous entraîne dans une improvisation où le violon et l’homme ne font qu’un dans une transe hypnotique tandis que Laura se lance dans un chorus avec une baguette de batterie sur sa harpe.
Tonnerre d’applaudissements pour ce set de musiciens vraiment exceptionnels qui ont su happer leur public dans un monde parallèle, leur monde musical.
En rappel nous avons a surprise d’entendre un duo violon-coulisse avec Sibouni. Oui vous avez bien lu car Robinson va jouer juste sur sa coulisse de trombone, munie d’une deuxième embouchure comme mini pavillon. Quel musicalité et écoute entre les deux acolytes.
Nous finirons ce superbe concert sur Ya Habibi Tahal dans une ambiance folklorique très dansante, dommage que nous soyons coincés dans nos sièges….
Un grand merci à tous ces musiciens qui terminaient leur tournée avec ce projet à Roanne ce qui leur a permis de se lâcher un peu plus au niveau des improvisations et de prendre quelques risques pour notre plus grand bonheur.