Toutes celles et ceux qui composent la communauté espagnole de Grenoble et son agglomération s’étaient donnés rendez-vous hier soir à La Rampe, pour accueillir avec enthousiasme, le chanteur et compositeur Rodrigo Cuevas, personnage haut en couleur qui s’auto-décrit comme « agitateur folklorique »
Rodrigo Cuevas est originaire de Piloña de la province des Asturies au nord de l’Espagne, et dont il a gardé un amour profond de la musique et des danses folkloriques. Pour leur donner une nouvelle visibilité, il les as dépoussiérées en y mettant une touche personnelle d’électro et d’imaginaire qui les éloignent du conservatisme rural espagnol.
Il faut dire que Rodrigo n’a rien d’un conservateur traditionnel, et ce n’est pas pour rien qu’il est appelé « le Freddie Mercury de l’électro paysanne espagnole » !
Vêtu d’un habit de velours noir très ajusté, rouge en deuxième partie de soirée, boucles d’oreilles, ongles vernis et chaussé de sabots traditionnels en bois, rehaussés de trois talons, il est apparu au fond de la salle en chantant, descendant les marches comme une diva, saluant au passage les uns et les autres.
La Romeria est le titre du concert qu’il nous propose et qu’il traduit comme : un lieu dans lequel tu es libre et heureux d’être entouré d’amis. Ce lieu est composé de « tubes » qui ne sont d’autres que des chants folkloriques revisités accompagnés par quatre musiciens actifs : Mapi Quintana au chant, contrebasse, percussions ; Juanjo Diaz aux percussions traditionnelles et électroniques ; Ruben Bada aux guitares et Tino Cuesta aux claviers.
Le charismatique Rodrigo fait le show et il le fait bien. Danseur acrobatique ou sensuel, hidalgo ou drag-queen, provocateur ou traditionnel, chanteur à la voix puissante, il occupe la scène avec générosité qu’il partage largement avec le public qui ne demande que ça. Rares sont les artistes qui se promènent autant dans la salle, partageant sans restriction la célébration de la fête, loin des préjugés.
Moment mémorable lorsque Rodrigo a proposé une strip-tease collectif et que le public a jeté sans hésiter pulls et écharpes au passage de Rodrigo qui n’a lui ôté que son gilet (dommage!)
L’univers qu’il nous fait partager est sensuel et excentrique, toujours proche de sa vérité, notamment celle d’être homosexuel et libre. C’est d’ailleurs un moment très différent qu’il convoque lorsqu’il interprète une chanson douce et magnifique en hommage à Rambal, un homosexuel des années 30, assassiné pendant la dictature espagnole.
Excentrique, extraverti, extravagant et drôle, le trublion ibérique a réussi à fédérer les générations autour d’une culture commune réinventée. Mais il a aussi réussi avec son français hésitant, à être le porte drapeau de la liberté d’être différent, libre et en paix.
Il a transformé la Rampe en cabaret exubérant, coloré, rempli de chaleur humaine !