« Le plus bel exploit humain c’est de ressusciter la
naissance d’un vrai sourire sur les lèvres de quelqu’un qui
vous fait face: ce sourire, c’est le printemps qui s’ouvre. »
Christian Bobin
Un dimanche d’avril, le 7 est un sourire fait de choses simples. Un bel orchestre (Human Flow!) dans une salle des fêtes (la Salle Vercors) à Fitilieux (commune des Abrets-en-Dauphiné ) , mais tout ce qui accompagne ce micro événement: des choses plus vastes ou plus insignifiantes: le ciel orangé, les pâquerettes dans les prés, mon champ labouré…tout peut accompagner la fête. « La gaieté, c’est du minuscule et de l’invisible » (Christian Bobin)
Une salle des fêtes construite il y a environ quinze ans à Fitilieux, prés du stade de sport, au milieu des champs. Elle contient à peu prés trois cents places et cet après midi, elle est pleine. L’équipe municipale, animée par Mathieu Perrin a du relancer la machine à communiquer il y a quinze jours, sans quoi le concert risquait d’être annulé (une trentaine de réservations seulement). Un vrai succès. Concert précédé d’une démarche pédagogique auprès de jeunes enfants venus questionner les musiciens sur la pratique de leur « métier. « Ils ont posé les bonnes questions », car l’équipe qui les a préparé a fait du bon travail. Pédagogie et musique, un même combat. La musique n’est donc pas nécessairement un combat de requins dans un aquarium étouffant, étouffé par la facilité.
Et cet après midi, le public aura été particulièrement soigné et heureux de découvrir une musique qui « nettoie les oreilles », qui est peu sur les ondes ou dans les grands festivals. La vie résiste à la normalisation. Car aussi bien Noé Reine aux guitares électrique et acoustique, que Alem, le « beatboxer prodigieux » ont subjugué le public. Aussi bien Alfio Origlio aux claviers (Fender Rhodes, basse pour la main gauche) que Tom Drevet le batteur d’à peine vingt ans, ont enthousiasmé ce même public qui n’en revenait pas: quelle musique. Et à la et au violon, Fleur Worku a charmé le public en chantant dans la langue de son confrère Muluguta Uma (vous savez, ce athlète éthiopien qui vient de remporter le Marathon de Paris !), et aussi en anglais quelques thèmes d’Alfio qu’ils ont revisité ensemble.
Je ne prolongerai pas beaucoup en insistant sur la qualité sonore des claviers d’Alfio, de la guitare de Noé, sur les chorus stupéfiant du même Noé: (Allez, Hendrix is définitively dead! this is only my opinion!) d’Alem mais comment peut on jouer de quinze instruments à la fois ?) d’Alfio brillantissime comm’d’hab, et de Tom qui a bien séduit (les jeunes subjugués: des vocations se dessinent peut-être): des sonorisateurs plus que performants (Doogie et Nounours pour ne pas les nommer)
Deux heures un quart d’une musique somptueuse, voluptueuse, difficile mais accessible -« the » paradoxe! Un public aux anges, un événement à la campagne, un photographe découvert*, un chroniqueur qui jubile au milieu de ses amis. Non personne ne nous enlèvera ce moment bonheur !
*Merci à Jacques Rimet pour le prêt de ses photos.