10/05/2024 – Cécile McLorin Salvant & l’ONL à l’Auditorium de Lyon

10/05/2024 – Cécile McLorin Salvant & l’ONL à l’Auditorium de Lyon

Après Martigues, Avignon, Vitry sur Seine et Boulogne-Billancourt, c’est l’Orchestre National de Lyon, conduit par le maestro Dirk Brossé qui ouvrait la dernière soirée de la tournée de Cécile McLorin Salvant, co-produite par Jazz à Vienne, avec une interprétation aux vagues accents de « Star Wars » valorisant la section cuivre : Philadelphia Overture.

Puis ce fut au tour de celle que l’on qualifie à juste titre de nouvelle voix du jazz, de faire son apparition accompagnée du pianiste Sullivan Fortner, du contrebassiste David Wong et du batteur Kush Abadey.

Chanteuse de jazz Cécile McLorin Salvant ? Pas seulement.

C’est un hapax*, autant à l’aise sur les airs de cour du XVIIème siècle que sur un répertoire funk, elle chante avec un égal bonheur Aragon, Léo Ferré, Catherine sauvage et bien sûr Bessie Smith, Betty Carter voire même Barbara Streisand.

Dotée d’un langage corporel extrêmement raffiné, Cécile McLorin Salvant incarne comme personne ses interprétations composées de ballades issues de comédies musicales de Broadway soigneusement choisies ( exhumées quelques fois et tombées dans l’oubli ) ou de ses propres compositions, remarquablement arrangées par Darcy James Argue ‘’ l’un des meilleurs compositeurs contemporains de big band (stéréophile), maitrisant la science requise pour fusionner un ensemble de jazz apparemment anachronique avec le XXIème siècle’’ (Pitchfork)

Elle est en pointe d’un quartet d’une grande finesse, très nuancé qui s’intègre à la perfection dans la structure de l’O.N.L. ( Ce qui ne fut pas le cas par exemple pour Avishaï Cohen en 2015 ) avec Kush Abadey à la batterie, un modèle de légèreté exploitant à merveille les lois de la gravitation et Sullivan Fortner au piano, au jeu extrêmement dépouillé et dont le touché exalte chaque accord avec intelligence et une grande sensibilité.

La performance dans son ensemble, d’une grande qualité, m’a particulièrement touché, elle fut ponctuée par un hommage rendue par l’artiste à son pygmalion : Mr Jean François Bonnel**, excellent au saxophone soprano et qui su dès l’arrivée de son élève surdouée à Aix en Provence, la guider et la motiver dans l’adaptation de sa formation musicale classique à une trajectoire essentiellement marquée par le jazz.

Seul bémol de toutes façons sans grande importance vu la singularité de l’artiste, il n’a pas su lui transmettre l’art du swing, j’avais noté la même faiblesse chez Nathalie Desay lors de son aventure avec Michel Legrand.

Dans cette optique, pourrais-je suggérer la mise en place d’une rapide entrevue entre Cécile McLorin Salvant et Kurt Elling par exemple ? Nul doute que Wynton sera d’accord avec moi.

 

Cécile McLorin Salvant : voix
Sullivan Fortner : piano
David Wong : contrebasse
Kush Abadey : batterie
Darcy James Argue : arrangements
Et l’Orchestre National de Lyon dirigé par Dirk Brossé

 

*: NdlR : pour vous aider : « Mot, forme dont on n’a pu relever qu’un exemple; en partic., ,,Vocable n’ayant qu’une seule occurrence dans un corpus donné«  » source CNRTL

**: concertiste et professeur de jazz et de clarinette à Aix-en-Provence

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