Le contrebassiste et compositeur Milo Fitzpatrick et Jordan Smart (du groupe Mammal Hands) aux saxophones ténor et soprano et à la clarinette basse constituent le singulier duo Vega Trails. Leurs compositions intimistes et sensibles invitent au voyage intérieur.
Les improvisations se font sans esbroufe et pourtant, le niveau technique est exceptionnel.
Imaginez un morceau entièrement joué en harmoniques à la contrebasse.
Et à l’archet.
Et pas des harmoniques ordinaires, mais tous les harmoniques naturels qui peuvent se jouer sur une corde à vide.
C’est dire le niveau de maîtrise de l’instrument et la confiance en soi de Milo Fitzpatrick parce que ces notes là, elles sortent justes ou elles ne sortent pas, et c’est irrattrapable.
Pendant que la contrebasse navigue entre les graves les plus profonds et les aigus les plus éclatants, les mélodies distillées par Jordan Smart planent dans l’espace sonore ; les notes longues et amples se prolongent, les phrases virtuoses viennent en arrière-plan, ornements discrets du propos général. Un vrai travail de pointilliste des couleurs sonores. Et quand la contrebasse prend un chorus, nappes, slaps et notes piquées ponctuent subtilement le discours.
L’ensemble est serein, ensorcelant, ce qui n’empêche pas quelques emballements de cadence comme dans Fractals qui joue sur la décomposition des temps à l’infini.
Vega Trails développe une esthétique originale privilégiant la mélodie et la sensibilité, éloge de la quiétude qui n’est pas sans évoquer certaines grandes figures du jazz scandinave.