16/05/2024 – Tarik Hassan Quartet au Jazz Club de Grenoble

16/05/2024 – Tarik Hassan Quartet au Jazz Club de Grenoble

Il y a longtemps que nous attendions Tarik Hassan et son quartet. Depuis trois ans en France, il lui fallait trouver les musiciens qui lui permettent de jouer sa musique. Il les a trouvé. Nous n’avons pas été déçus ce jeudi 16 au Jazz Club de Grenoble. Zaza Désiderio à la batterie, c’était la garantie d’une rythmique plus que solide, nourrie, inventive! Florent Guépin à la guitare, c’était l’assurance d’un jeu épuré, d’accompagnement de goût et de soli clairs. Rémi Crambes au violon, c’était le lyrisme, la fougue qui convient à cette musique.

Et cette musique, elle ne laisse pas de toujours nous surprendre. Le parcours de vie de Tarik Hassan, explique en partie l’éclectisme de ses goûts musicaux. Une mère irlandaise (l’amour du violon!) un père palestinien (Tarik arbore avec fierté le Keffieh ce foulard noir et blanc reconnaissable entre tous), une vie aux États Unis :Le Texas d’abord (une formation solide au conservatoire, des débuts dans le classic-rock, comme pas mal de jeunes jazzmen aujourd’hui puis la Louisiane…avant le séjour en France dont est originaire son épouse…voilà de quoi nourrir son éclectisme (faire honneur aux différentes patries de ses origines) et son inspiration, dont les thèmes principaux renvoient avec attachement aux personnes qu’il aime.; des mélodies sont simples et épurées.

Comme cette valse lente pour commencer, dans laquelle chorussent la guitare puis la contrebasse d’abord et enfin le violon , sans esbroufe mais avec une recherche constante de la ligne mélodique. Zaza fait le « travail » nourri durant le chorus de violon, discret durant celui de contrebasse. Tango avec Frenchy, dédié par Tarik à sa femme est un thème lent, d’atmosphère, construit sur une pédale de basse, et accompagné cum mano par Zaza; le jeu de Tarik est fin, délié. Le violon est lyrique, prend appui sur la rythmique pour sculpter ses mélismes et sertir ses mélodies.

Dublin est consacré à sa mère, avec une introduction pour cordes et déploie sa ligne et ses chorus jusqu’au marquage rythmique appuyé de la contrebasse, pour introduire une danse irlandaise ou Rémi Crambes peut déployer sa virtuosité. Zaza est enchanté par les propositions rythmiques du violon.

Un moment de gravité. Tarik va jouer un thème seul en hommage au peuple palestinien et ce sont d’autres gammes qui se font entendre. Arab Spring rend hommage au printemps arabe soutenu les mailloches en feutrine de Zaza et par quelques notes de guitare sur lesquelles Rémi pose ses pizzicati. Mélodie à l’archet, chorus, et à l’unisson guitare, violon contrebasse une ligne orientale vive et savoureuse. Il y a des moments de grâce et de danse dans ce concert qui le sublime.

Le second set ne sera pas boudé. Encore de belles choses, tirées des deux disques que Tarik a produit aux États-Unis. Beaucoup d’émotions durant ce concert, une gravité et une simplicité qui sont un baume, face aux fureurs du monde. Nous attendons le troisième CD qui naitra en France.

Auteurs/autrices