Nous revoilà dans l’église Saint Pierre de Montbrison pour accueillir le trio de Camille Bertault, formation inédite comme le lieu d’ailleurs. En effet ici pas de percussions ni de contrebasse, seulement un clavier, une trompette et une voix.
Nous sommes happés dès les premières notes, sur un thème d’Antonio Carlos Jobim Inútil Paisagem, par la voix de Camille qui se pose en même temps que la trompette, avant d’imiter les percussions sur un rythme bien évidemment brésilien. Sa superbe improvisation donne des frissons tant son timbre est clair, agréable, puissant, chaud et capable de tout.
Nous continuons avec une composition de Camille en hommage à la musique, Ma muse. Le trio se connaît bien et ça se voit par une très belle écoute entre Fady Farah aux claviers et Julien Alour à la trompette. Lors du solo de Julien, Camille reste présente avec des percussions vocales très légères.
Un petit retour dans le classique avec une pièce revisitée de Jean-Sébastien Bach sur laquelle la voix, ou plutôt les onomatopées percussives de Camille, remplace le clavecin, accompagnée brillamment au son de l’orgue Hammond par Fady.
Un passage par Georges Brassens avec une interprétation de Je m’suis fait tout petit avant une nouvelle composition de Camille, Je suis un arbre, de l’album « Le tigre ». De très belles paroles, des notes tenues à la fois par la voix et la trompette d’une justesse parfaite. Imitation du vent dans le feuillage de cet arbre par Julien qui maîtrise admirablement son instrument.
Il va nous le prouver vraiment sur Impulsion, une de ses créations au tempo enlevé, sur lequel la voix débute en homorythmie avec la trompette. La walking bass de Fady soutient le magnifique chorus de Julien avant d’accompagner sa propre improvisation à la main droite, visage imperturbable et pourtant si imaginatif dans son interprétation.
Une pensée pour le chat de Camille resté à la maison avec Jo, la voix miaule, le corps de Camille se fait félin, la trompette ronronne.
Une ballade très belle sur laquelle Fady ne quitte pas des yeux la chanteuse à l’écoute de chaque changement de tonalité, rejointe par la trompette à l’unisson ; quelle harmonie entre voix et cuivre. Des improvisations des trois compères, notamment un chorus délicat de la part de Julien avant de finir sur une note aiguë tenue par la voix et la trompette tellement complémentaires que nous n’arrivons plus à discerner l’une de l’autre.
Retour sur une très belle interprétation du standard On the sunny side of the street très appréciée du public avant de replonger dans l’univers très vivant et gai de la chanteuse avec Nouvelle York introduit par un son de sirène de la police à la voix. Une chanson en français dans laquelle Camille, toujours très expressive, nous fait glisser entre les gratte-ciels.
Bizarre écrite par Camille sur des mesures impaires nous permet d’apprécier la recherche au niveau harmonique entre la trompette et la voix.
Une nouvelle reprise, Round Midnight, pour laquelle Camille a écrit des paroles en français, et toujours avec cette recherche d’extensions des accords très bien choisies qui leur est familière.
Après de chaleureux applaudissement les musiciens reviennent et Camile se déchaîne sur des onomatopées hyper rapides ; son énergie se transmet au public qui n’hésite pas à frapper dans ses mains. Quelle vitalité chez Camille et les musiciens suivent au pied levé toutes ses fantaisies et propositions. Enthousiasmé par l’écoute et la présence des spectateurs, le trio revient une deuxième fois toujours sur un rythme très soutenu et un solo de Fady, bassiste et pianiste à la fois, dont la main droite virevolte sur le clavier.
Ils ont relevé le défi de jouer en petite formation et ont su combler le vide des musiciens manquants. Camille Bertault est pétillante, rayonnante, souriante et sait capter son public, les paroles sont très recherchées ainsi que les harmonies et les instrumentistes sont en communion totale avec elle. Très belle soirée une fois de plus, bravo pour la programmation de ce festival.
