La première chose qui frappe à l’écoute de ce disque est sa belle texture sonore, rythmique et mélodique, claire et bien frappée Le piano de Joachim Expert introduit le premier « mug » Mug suite part 1 : quelques accords lancinants de belles couleurs, une teinte de mélancolie, rattrapée par une rythmique qui impulse le dynamisme qu’aime Thomas. Le saxophone de Thomas Ibanez peut exposer un thème dansant à la Rollins et commencer ses improvisations virtuoses. Joachim encore donne la mesure de son talent dans la très elle introduction de Mug suite part 2. Un Accelerando pour introduire un tempo rock à la structure rythmique complexe qui débouche sur la provisoire douceur d’un « pont » rattrapée par une pulse souple mais implacable. Contrebasse de Benjamin Guyot est groovy et nous entendons de beaux chorus de piano et de saxophone. A la batterie, Marc Michel s’échauffe, chauffe et pousse. Le chorus de batterie s’impose. Finesse des roulements, décalés, déhanchés. Interlude au saxophone. Thomas a choisi la forme « suite » pour donner corps à un rêve d’adolescence. Pleinitude du son du saxophone. Dialogue avec le silence. Proposition de ballade. Passage d’une belle continuité.
Mug suite part 3 est une ballade d’une grande sérénité. Pas Body and soul mais plutôt de Visitor from nowhere de Wayne Shorter (au ténor). Benjamin Guyot y joue sa lyre.. Avec beaucoup de continuité, et comme un thème à part entière, l’interlude II nous amène à la très belle Pocket Waltz de Marc Michel. Elle fournit le Mug suite part 4.
Minor Mood sur un tempo assez vif déploie ses écharpes mélodiques lentes d’abord vives ensuite.
Le bouquet de cette suite : Theme pour Josh est bien sûr l’hommage bien compréhensible d’un jeune saxophoniste à son aîné américain et si créatif !
Le CD de Thomas Ibanez s’inscrit avec beaucoup de respect et de savoir faire dans une tradition du saxophone de jazz à laquelle il rend hommage, avec pas mal d’idées, une grand virtuosité (écoutez Minor Mood !)et une grande clarté. L’urgence de la création et les conditions par fois difficiles d’une mise au monde,(Que d’énergie il faut aujourd’hui au musicien pour entreprendre !) n’empêchent pas une prise de son irréprochable, une grande cohésion au sein du quartet, une complicité fondée d’abord sur un goût commun pour un jazz d’actualité.
Interview de Thomas Ibanez. :
« Ce disque est la concrétisation d’une envie de jouer avec des musiciens que j’apprécie tout particulièrement.
Le titre « Mug’s Suite » fait référence à l’heure à laquelle j’ai écris le premier mouvement de cette Suite.
Lorsque j’habitais encore en Isère et que je revenais de mes concerts ou jam sessions, je chantais en permanence sur le trajet, et j’enregistrais absolument tout. Au fur et à mesure, il en est finalement sorti quelque chose.
Toute cette inspiration, je la dois à des musiciens comme Oscar Peterson, Sonny Sttit, Dexter Gordon, Seamus Blake, Mark Turner mais surtout à Joshua Redman dont je ne me lasse pas d’écouter les disques.
Un grand remerciement aux personnes qui me soutiennent depuis tant d’années, et tout spécialement à mes parents.
Merci à Joachim Expert, Ben Guyot et Marc Michel pour avoir contribué à cet album.
A l’équipe de La Clef de Voûte (Lyon), celle du Hot Club de Lyon, du Jazz Club Crescent (Mâcon), et surtout à tout mes amis musiciens avec qui j’évolue chaque jour… »