03/08/2024 – Conférence : « Le jazz débarqué de nos mémoires » au Crest Jazz

03/08/2024 – Conférence : « Le jazz débarqué de nos mémoires » au Crest Jazz

Les « hostilités » du jour débutent avec du swing made in France et le titre d’Alix Combelle (chef d’orchestre et saxophoniste) Oui, si tu me dis oui (1943)

Après son succès, il y a eu un « océan d’oubli » sur tout ce qui s’est déroulé avant et pendant la guerre au niveau du jazz.

Tout un pan de notre histoire musicale française a été occulté au profit du jazz made in US.

L’après-crise de 29 aux USA voit l’émergence du jazz, du swing, des ballrooms et c’est ce jazz finissant qui débarqua en France à l’issue de la Deuxième Guerre mondiale.

Mais attention le be-bop pousse ; les Dizzie et autres vont bouleverser le jazz. On le verra, la période des grands orchestres et de la danse va s’effacer.

Durant la guerre, les nazis interdisent la danse swing en public « swing Tanzen verboten » (cf. la couverture du livre que montre Nicolas Béniès), toutefois les concerts de jazz prolifèrent et Django devient une star durant cette période.

Charles Delaunay connaît Dietrich Schulz-Köhn, capitaine de la Wehrmacht et surtout fondateur du Hot Club de Berlin. Cet allemand protègera Django et lui évitera les camps (voir ici )

Joe Pass fut le premier musicien américain à jouer les compositions de Django (cf. son album « Joe Pass for Django » de 1964)

 

Décembre 1940, fin de la « drôle de guerre ». Charles Delaunay (encore et toujours lui) va créer le Paris festival Swing 1941 où il réunit toutes les gloires françaises de l’immédiat avant-guerre. Pendant l’occupation, ces musiciens vont développer le « jazz français » qui va diverger de celui de la « maison-mère ».

Dès 1940 Django trace une voie qui lui est propre, cf. l’écoute de Rythme futur.

Charles Trenet chante en 1941 avec le Jazz de Paris, grand orchestre dirigé par Alix Combelle, nous écoutons Terre! (1941). Un Trenet chanteur de jazz, de swing, avec un scat imitant la poule ! Nous l’écoutons encore avec un poème de Verlaine Chanson d’automne « les sanglots longs des violons… » accompagné par Le Jazz de Paris (joli solo d’Aimé Barelli, janvier 1941).

De même, le belge Gus Viseur mettra son accordéon (préparé par ses soins, afin de jouer avec plus de vélocité) au service du swing, cf. la superbe Flambée montalbanaise (1940).

L’harmoniciste Danny Kane nous a laissé son titre D.K. Rythme (1943) et puis … l’oubli.

Nicolas Béniès passe à celui qu’il appelle » le génie intrinsèque de l’époque », le violoniste Michel Warlop. Il était destiné à une carrière internationale de concertiste classique mais voilà… une fois arrivé à Paris il est tombé dans le jazz !
Nous commençons par écouter Le saut d’une heure (1943) puis Tempête sur les cordes avec l’orchestre de Raymond Legrand (le père de Michel) et enfin Mordernistic (1942). On comprend l’appréciation de Nicolas Béniès. Qui se souvient encore de Michel Warlop ?

 

Pendant la pause on déguste un extrait du film « Hellzapoppin » (1941) et la légendaire scène de lindy-hop (séquence colorisée) .

 

Après la pause, Nicolas évoque le jazz en Allemagne, où contrairement à ce que l’on pense, on pouvait en écouter et en voir. Trois titres illustreront ce propos : Lutz Templin Ich hab’ dich und du hast mich (1943) ; Michael Jary Etwas verrückt (1942); Orchester Willy Berking Hokuspokus (1941).

Encore une forme de jazz qui a été débarquée de nos mémoires.

 

Car ensuite… « il s’est passé ça », et de nous faire entendre Things to come de Dizzie Gillespie à la salle Pleyel en février 1948 … et ça va vite ! Concert mémorable s’il en fut. Le be-bop arrive ! Et sa bataille d’Hernani qui verra s’affronter tenants et opposants ; les « anciens » et les « modernes » ; Charles Delaunay et Hugues Panassier ; etc. (voir ici)

 

Ce concert de Pleyel préfigure des conférences de l’année prochaine où l’on parlera de Paris.

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