En cette fin d’après-midi, la terrasse de l’Impérial Palace était bondée pour écouter le troisième concert de la neuvième édition du Imperial Annecy Festival. C’est du jazz manouche, mais comme dirait Philippe Martel, programmateur de jazz au festival, pas l’allemand, celui de Belleville bien plus musical et chaleureux.
Trois musiciens sont sur scène, deux guitaristes, Adrien Moignard guitariste soliste et Julien Cattiaux à l’accompagnement et un contrebassiste, Jean-Baptiste Guerrier.
Le premier thème qu’ils vont jouer est La Complainte De La Butte célèbre chanson parisienne chantée par Mouloudji.
Ce qui interpelle le plus dans leur prestation, c’est leur très grande complicité, les regards qu’ils échangent continuellement et le plaisir visible qu’ils ont à jouer ensemble, ce qui, avouons-le, est assez rare, les musiciens ayant souvent tendance à être dans leur bulle. Pas de partition, pas de liste de morceau qui viendrait pénaliser la spontanéité de leur musique. Cette performance ne peut bien sûr exister que si nous avons à faire à d’excellents musiciens et c’est ce qu’ils sont. Dès ce premier thème Adrien Moignard a « le son », il joue sur une magnifique Gibson à caisse et fait preuve d’une virtuosité phénoménale, mais aussi, d’une très grande musicalité avec des phrasés riches et mélodiques, la rythmique avec Julien Cattiaux à l’accompagnement et le contrebassiste Jean-Baptiste Guerrier complète le swing apporté par Adrien Moignard.
Ils ont poursuivi leur prestation avec Tears de Django Reinhardt, un solo à la contrebasse de Jean-Baptiste Guerrier qui fait chanter sa contrebasse avec un beau phrasé qui suit bien la mélodie.
Ils ont joué ensuite entre autres Flèche D’Or ; Swing 42 ; The Shadow Of Your Smile ; Minor Swing et fait une très belle interprétation du morceau le plus connu de Django Reinhardt, Nuages. Lors de ses improvisations, Adrien Moignard montre aussi qu’il n’est pas que centré sur le style manouche, mais qu’il est aussi capable de s’en éloigner, ses acolytes le suivant à la semelle dans ses digressions, vraiment impressionnant.
Dans Swing 42, Jean-Baptiste Guerrier fait une longue, originale et très belle introduction à la contrebasse en s’éloignant des sentiers battus. C’est le cas pour chacun des thèmes joués, Swing 42 notamment se termine en rock endiablé. L’orchestre développe autour des thèmes des parties originales qui enrichissent les interprétations. Les musiciens s’amusent sur scène et le public participe à leur joie de jouer ensemble, « jouer », le terme ici prend sa pleine signification.
Le set se termine sur un Minor Swing longuement applaudi par le public présent à ce magnifique concert.