06/09/2024 – Yilian Cañizares / Equinox Trio (en première partie) à Jazz au Sommet

06/09/2024 – Yilian Cañizares / Equinox Trio (en première partie) à Jazz au Sommet
Des codes ? Des contraintes ? Mais pour quoi faire ?
C’est sur un hors-bord musical, fendant des flots sans frontières que les artistes ont emmené le public venu nombreux vendredi soir. Nous sommes salle Jules Verne, en partance pour un voyage extraordinaire.
Deux capitaines tiennent tour à tour la barre, deux sacrées matelotes, foi d’un Haddock switchant jurons contre jupons.
 
La première, Elodie Mam’s, est la leadeuse d’Equinox, un trio composé aussi de Noé Desmares et de Sabri Belaïd. L’une de leurs particularités est d’avoir remporté le premier prix du tremplin Jazz au Sommet en mars dernier au Solar de Saint-Etienne. Les autres, c’est de l’avoir grandement mérité (voir la chronique).
 
La seconde, amirale au beau cours, est Yilian Cañizares, accompagnée de Résilience trio.
 
Entre deux vagues, faisons une synthèse rapide de la situation. Nous sommes un 6 septembre à Saint-Genest-Malifaux. Il y a là deux super nanas, comme dirait Jonasz. Nous sommes environnés de sapins, des tables sont dressées dehors, l’air pique un peu, mais pas la charcuterie du coin, des bénévoles assurent, le soleil se couche sur le Brésil et se lève sur le Pilat (à moins que ce ne soit l’inverse). Bref, pour cette dix-huitième édition, c’est comme d’hab. Le jazz est passion, exigence, damnation gustative, sève sylvestre, rencontres partout et c’est si bon.
Cette évidence, Yilian Cañizares la souligne d’une phrase : « Malgré toutes nos différences, nous avons tous un point commun, nous sommes tous des êtres humains ».
Terre ! Par la magie des notes, Salvador de Bahia apparaît dans toute sa sublime complexité. C’est là que Yilian a enregistré son quatrième album, « Habana-Bahia », publié en octobre 2023. Dans cet opus, la chanteuse, violoniste et compositrice, encensée notamment par Chucho Valdès, née à la Havane et installée en Suisse depuis une vingtaine d’années, révèle une part à la fois profonde, intime et pétillante de sa personnalité.
Elle chante en espagnol ou en portugais, ce qui fait justement sa part humaine, ce condensé subtil d’origines afro-cubaines, dans une transmission à la fois universelle et spirituelle.
Nous entrons en un lieu où d’ancestrales racines se mettent à chercher le ciel. Elle est céleste, nous la suivons.
À ses côtés, José Julio Tomás à la basse électrique et Ernesto Rodriguez Guzman aux percussions inventent un pouls nouveau, doté d’une pulsation-métronome et trapue.
Le cœur s’emballe. La fête suit. Celle engendrée par le titre Bembé, posé sur un archet gaillard, gorgé du soleil cubain. Celle, plus intérieure, portée par le titre Oxum, une ode à la « déesse de l’amour et de la sensualité », et que Yilian tient « à partager avec le public ». Au fil des neuf morceaux d’un album « commencé de façon inattendue, pendant le covid » et composé par la musicienne « [qui] a senti quelque chose de positif pendant cette période » . Les vibrations passent d’un continent à l’autre. De l’Afrique à l’Amérique du Sud en passant par l’Europe, un tsunami vocal et instrumental emporte tout sur son passage, reconstruisant au lieu de détruire. Alors, on sent les gouttes d’une pluie tropicale glisser sur l’échine d’une rythmique balèse, on voit le corps d’un violon faire liane avec celui de Yilian, on se nourrit d’une basse aux motifs organiques.
Vous savez quoi ? Y’a d’la joie !

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