29/09/2024 – Dexter Goldberg Trio au Solar pour le RhinoJazz(s)

29/09/2024 – Dexter Goldberg Trio au Solar pour le RhinoJazz(s)
C’était une première fois, il y en a toujours une.
Et de celle-ci, on devrait se souvenir longtemps. En effet, le Rhino s’était déplacé dimanche à Saint-Etienne dans un Solar blindé pour un partenariat de très grande classe.
Trois maîtres au tableau musical. Le pianiste et compositeur Dexter Goldberg, le batteur Philippe Maniez et le contrebassiste Clément Daldosso. Il y en a qui sont tatillons dans l’ouvrage, trop hésitants et la note toute racornie. D’autres sont effervescents, musique qui gicle et note toute bouffie. Et puis, il y a ceux qui dosent juste, qui n’en font ni trop, ni pas assez. Qui donnent l’impression de trouver avant de chercher. Dexter Goldberg et ses remarquables complices sont de cet acabit. Il y a un truc déjà qui ne ment pas, ces gars-là n’ont pas l’air de souffrir, ils se la jouent pas, ils s’amusent. C’est tout sourire que le pianiste a passé une heure et demi de set à faire virevolter ses doigts sur un clavier à la fois soumis et conquérant. Le musicien, fils du saxophoniste Michel Goldberg, a longtemps étudié la percussion avant d’opter pour le piano. Est-ce pour cela qu’il sait aussi bien capter le souffle du rythme, en interrompre l’air, le faire renaître à volonté, de ses mains pétrisseuses de mélodies ?
En tout cas, voilà du jazz sacrément inventif, ouvert à toutes les fenêtres swing, aussi vivace et éclairant qu’une luciole jazzy dans la nuit. Le trio a égrené des titres où se sont succédé de paisibles plages, avant que d’un doigté ou d’une baguette extrêmement précis, le groove se mette en place crescendo. Il y eut d’exquises reprises, telles Time remembered de Bill Evans ou, en rappel, un Take five de Dave Brubeck pétri de flamboyance. Chaud !
Mais ce sont surtout ses compositions que Dexter Goldberg a présentées, parmi lesquelles Nirvana, où l’art consommé d’être unis dans la diversité a touché à la perfection. Puis, d’autres extraits de son album sorti en 2023, tels Caliboudja et One for Ahmad. Le premier titre, qui ne veut d’ailleurs rien dire (« c’est un mot qui n’existe pas, une référence à un personnage de BD », dixit Dexter), nous a pourtant bien parlé. En plein manège musical qu’on s’est envolé, parce qu’après une longue et très classique intro, ça a déménagé. Roulez jeunesse !
Les musiciens ? Radieux, sérieux, virtuoses, taquins. Quant à One for Ahmad, c’est un hommage bien phrasé et jubilatoire que le trio a rendu à Ahmad Jamal (écrit juste avant sa mort). Du côté des ballades, on citera Camille, (dédiée à l’ex de Dexter Goldberg), un morceau d’une grande douceur, ombré par les pulsations sensuelles des balais d’un batteur faiseur de caresses. Il y eut aussi des prises de risque, à savoir des titres jamais joués, comme Vitamine D, pêchu comme il se doit. Cette fois, batteur et contrebassiste ont tressé des boucles au rythme, allumé un feu vivace, mais toujours maîtrisé, vive la déhanche. Un dernier titre pour la route ? Ce sera Times up, un galop d’essai pour l’imaginaire et le lâcher-prise…
Un trio comme ça, ce n’est pas qu’un tableau de maîtres, ils sont bons pour décrocher l’excellence.

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