27/09/2024 – Tarel/Ollendorff Quartet à Jazz en Velay

27/09/2024 – Tarel/Ollendorff Quartet à Jazz en Velay

La puissance évocatrice de la musique est bien connue, et celle du pianiste Fabrice Tarel en témoigne particulièrement. Sa Suite for freedom qu’il interprète ce soir avec ses talentueux comparses du London Vibes quartet, le guitariste Tom Ollendorff, le contrebassiste Christophe Lincontang et le batteur Andy Barron, est une invite au voyage. Et un sacré voyage. Parfait terreau pour l’imaginaire, leur musique se fait tantôt rythmée, m’évoquant un blues de Monk avec ses accords riches et inattendus, tantôt très douce, à la limite de la nostalgie, comme une invitation à la contemplation d’un magnifique paysage dans la douceur d’un soir d’été. Puis, elle m’embarque dans un tourbillon virevoltant à donner le vertige ou, à un autre moment, m’immerge dans un univers onirique mystérieux et quelque peu inquiétant d’un château hanté in England peut-être ?  

J’entends des accents de Debussy dans le jeu du pianiste, des carillons (Big Ben ?). Sous ses doigts le piano fait des volutes, ondule. Ses ostinatos en arpèges sont comme les feux d’un phare qui nous guide dans ce voyage. Toute une palette d’émotions et de sensations sont suscitées par cette musique qui dégage une atmosphère, jamais la même, tantôt calme et légère, tantôt grave, tantôt lumineuse et joyeuse, tantôt sombre… Les silences ont aussi toute leur place, c’est une musique qui respire. Piano et guitare dialoguent merveilleusement, doublent aussi souvent les thèmes donnant à la musique un caractère céleste.

Chaque partie de la Suite for freedom est introduite par un des musiciens du quartet, ce qui nous permet de goûter encore mieux au talent de chacun, et quels talents ! C’est le contrebassiste Christophe Lincontang qui ouvre le bal avec un jeu mélodique et précis, faisant sonner chaque note.

C’est ensuite au tour de Tom Ollendorff d’entamer une improvisation très harmonieuse et inspirée, des thèmes délicats naissent sous ses doigts avec une facilité déconcertante, comme des évidences, l’air de rien. Ce jeune guitariste anglais me semble né d’un croisement entre Pat Metheny et John Scofield. Son jeu est fluide, doux et brillant et sa virtuosité, toute au service de la mélodie, est époustouflante. Il est habité par la musique qu’il fredonne en même temps qu’il la joue. Le fameux guitariste Gilad Heckselman dit de lui qu’il est un des meilleurs guitaristes au monde, que dire de plus ?

Puis ce sera le batteur Andy Barron (lui aussi d’origine britannique mais vivant en France) qui nous offre une exploration sonore d’une grande richesse et subtilité. Son jeu s’ajuste avec beaucoup de finesse à celui des autres musiciens, les relance, avec énergie et délicatesse, c’est un vrai bonheur !

Ce concert est un cadeau, un moment suspendu. A ne rater sous aucun prétexte !

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