05/10/2024 – EYM au Périscope

05/10/2024 – EYM au Périscope

Play it again EYM !

 Il y avait Casablanca la ville marocaine, et le film mythique de Michaël Curtiz avec Humphrey Bogart et Ingrid Bergman. Il y a désormais le très beau dernier projet du trio lyonnais EYM qui se faisait rare en ses terres natales. Parcourant les scènes du monde, il revient avec ce projet autour du Maghreb, fruit de leurs voyages et qui permet de les retrouver seuls tous les trois, sans aucun invité, une fois n’est pas coutume. Pour ces retrouvailles sur la scène du Périscope, ils sont programmés en même temps que Kirk Lightsey dans le club de la rue Lanterne ; ce qui laissait craindre avant le début du set un public clairsemé… Mais il n’en a rien été, et finalement la salle était pleine et enthousiaste avec pas mal de fans et proches du groupe qui assuraient l’ambiance.

Elie Dufour, le pianiste, arrive en déposant le CD et surtout le premier vinyle (Casablanca est leur cinquième opus) de ce projet devant la scène, comme pour montrer d’emblée la fierté du travail accompli.

La longue intro tout en sensibilité et douceur permet d’apprécier le dispositif installé sur le piano (une grande barre sur laquelle est fixé un boitier à effets relié aux cordes de l’instrument) qui porte un son mécanique aux accents arabisants comme s’il s’agissait d’un son de kora. Plutôt magique comme effet. Le trio enchaîne les titres étirés qui font de chaque morceau une petite pièce de longue durée, à commencer par le Pique-nique à Tchernobyl. Puis vient le morceau éponyme de l’album Casablanca d’une belle facture, puis Song for Anilou (une belle ballade permettant à Marc Michel de délaisser un temps ses baguettes pour les balais).

Le morceau suivant est justement introduit par le batteur qui l’a d’ailleurs composé et qui est le titre d’un des disques du trio : I’m Travelling Alone enchaîné avec une autre partie qui n’était pas prévue selon Elie. Et d’annoncer en guise d’explications : « on part dans des directions étonnantes, mais on reste avec vous »…Le plaisir de jouer ensemble et leur grande complicité sont salutaires et ravissent un public bien que conquis d’avance. On croit entendre des références « Gogopenguinesques » mais cela n’a rien d’étonnant car les deux formations sont issues de la même génération de musiciens avec toutes les deux des influences qui lorgnent clairement vers le fameux trio nordique E.S.T.

Le pianiste présente le morceau à venir, Spleen qu’ils n’ont encore jamais joué en live. Cependant, déjà c’est la fin du concert avec finalement peu de titres interprétés en nombre car ils sont chacun d’une belle durée. Le temps pour le groupe de remercier Julien Arnaud, leur manager-producteur (et cheville ouvrière du jeune festival Récif dont nous attendons avec impatience la seconde édition en mars prochain) venu en famille avec femme et enfants, ce qui fit dire à Elie qu’il était réjouissant de voir des jeunes au concert…

Pour le rappel, « un dernier morceau et au lit », EYM propose un titre plus ancien mais parmi leurs plus beaux, Borders qui est franchement sous influence du groupe de feu Esbjörn Svensson.

Un petit regret pour ce concert c’est que la contrebasse de Yann Phayphet, un musicien toujours passionnant dans toutes ses formations (en acoustique ou en électrique), était un peu en retrait au niveau du son (faute à une balance déséquilibrée ?), la batterie et le jeu de Marc Michel étaient peut-être trop en avant notamment dans la seconde moitié du set, et les dialogues de « 4/4 » se faisaient aussi systématiquement entre le pianiste et le batteur, excluant un peu trop régulièrement le contrebassiste…Mais à part ces légers bémols, la prestation d’EYM emportait l’adhésion et le plaisir des oreilles du public. Espérons ne pas avoir à attendre trop longtemps pour les revoir dans le Rhône, et longue vie à ce Casablanca qui va rayonner bien au-delà de nos contrées, c’est tout le mal que nous pouvons souhaiter au trio fraternel et complice d’Elie, Yann et Marc.

 

 

Line-up :

  • Piano : Elie Dufour
  • Contrebasse : Yann Phayphet
  • Batterie : Marc Michel

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