08/10/2024 – Joëlle Léandre à la galerie Ceysson & Bénétière pour le RhinoJazz(s)

08/10/2024 – Joëlle Léandre à la galerie Ceysson & Bénétière pour le RhinoJazz(s)

C’est à l’initiative de Loïc Bénétière que Joëlle Léandre se produit au sein de la galerie Ceysson & Bénétière pour une « fascinante interaction entre art visuel et free-jazz », et plus particulièrement la peinture abstraite d’Yves Zurstrassen. Le peintre a besoin que le jazz occupe tout l’espace de son atelier pour laisser libre cours à son inspiration ; il affectionne particulièrement les improvisations libres de Joëlle Léandre qui apportent un souffle particulier à ses créations. La musicienne apprécie également beaucoup les toiles d’Yves Zurstrassen. Autant dire que le terreau semble fertile pour cette soirée hors norme, dans un lieu hors norme par ses dimensions et sa conception.

Dès les premiers coups d’archet, l’osmose se crée entre la contrebassiste, la peinture et leur environnement. A sa manière, la galerie apporte sa pierre à l’édifice sonore par un effet de réverbération qui en fait résonner tout le volume. Où que nous nous trouvions dans la galerie, nous sommes enveloppés par le son de la contrebasse, pourtant sans aucune amplification. L’ensemble est d’une immense pureté, d’une grandiose simplicité.

Joëlle Léandre nous donne en quelques mots les clés de l’improvisation « libre » telle qu’elle la conçoit et la vit : il faut apprendre, beaucoup, il faut désapprendre, c’est plus difficile, il faut donner du sens et être soi, s’ouvrir à ce qui nous entoure. L’improvisation est une action de composition unique et volatile, c’est pour cela qu’elle doit être consistante et cohérente.

Joëlle Léandre sculpte le son, de l’archet, de la voix, des doigts, caresse les cordes pour se jouer des harmoniques, les malmène pour en tirer des sons amples, pleins et droits, martèle le corps de l’instrument pour des effets polyrythmiques élaborés. Elle lance une figure sonore, tourne autour, l’ajuste, s’engouffre dans des prolongements fascinants, y revient pour ouvrir un nouveau chemin.

Envoûté, le public fait partie intégrante de l’œuvre éphémère qui s’écrit devant lui et il en éprouve vraiment la sensation.

Une œuvre épurée, riche, marquante, et qui déjà n’est plus.

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