Après le remerciement d’un organisateur qui excuse le maire, celui-ci redit son plaisir de retrouver encore une fois le Rhino représenté par Ludovic qui remercie à son tour les organisateurs et le public à qui il promet un beau moment avec Daniel Zimmermann et Eric Séva. Les deux musiciens qu’on ne présente plus sont venus nous proposer « 2 souffleurs sur 1 fil », album paru le 23 août. Les musiciens, vêtus de chemises colorées entrent en scène et saisissent leurs instruments : le trombone pour Daniel et le saxophone baryton pour Eric.
Ce sera Oblivion, morceau d’Astor Piazzolla qui nous emmènera dans leur univers où le sax et le trombone alternent les accompagnements respectifs pour finir ensemble à la fin du morceau. Eric parle de l’album avec lequel ils ont tenté le challenge d’une musique populaire.
Dans une lumière rouge, le sax entame seul Luz d’Eus qu’il a écrit dans ce village catalan où il évoque une lumière particulière, l’ambiance bucolique, amicale. Ce morceau primesautier nous évoque un apéritif vespéral où les discussions animées sont vives et bruyantes.
Pour Méditation profane, les deux musiciens, assis sur leurs tabourets hauts, jouent dans une lumière bleue la composition de Daniel qui a joué avec des musiciens gnawas et leur pouvoir spirituel de guérisseurs des portes du désert. La mélodie est lente, les deux musiciens se lèvent, le sax souffle dans son embouchure, le rythme s’accélère, on pense à des incantations, et la fin est un unisson grave.
Les Valseuses de 1974 ont été réarrangées par le duo, retrouvant l’insouciance et la liberté de la création de Stéphane Grappelli, nous faisant particulièrement entendre un long solo de Daniel.
Eric nous parle de Libertango qui a une place privilégiée dans son souvenir car son père, musicien lui aussi, l’avait emmené écouter le quintet d’Astor Piazzolla. La lumière violette entoure le duo énergique et mélodieux, gai, rapide, le thème joué tour à tour par le duo.
Pour Mademoiselle, Daniel se souvient de la naissance de sa fille, il y a une vingtaine d’années, lui qui a écrit ce morceau contemplatif, tendre et naïf le lendemain.
Pour finir le concert, après que soient remerciés Jean-Michel au son et Ludo du Rhino, sous une lumière bleue, Daniel est debout, rejoint par Eric. Ils entament Caravan dans un arrangement joyeux et foisonnant.
En rappel, ils nous offrent Indifférence, célèbre valse-musette de Tony Murena.
Les couleurs de ces morceaux sont chaudes, les voix graves des instruments se muent durant le concert en aigus, la performance est oubliée au profit d’un calme réfléchi, d’une douceur pensée et assumée. « 2 souffleurs sur 1 fil », le risque calculé d’une association musicale inédite, mais pour l’auditeur captivé, ce sera un fil d’Ariane qui nous mène vers une joie simple, la certitude d’une vie sereine, apaisée…